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Nouvelle-Calédonie : l’Azerbaïdjan manœuvre pour déstabiliser la France

Un climat de guerre civile, un gendarme décédé et plusieurs villes de Nouvelle-Calédonie méconnaissables. Triste bilan après quelques jours de tentatives de déstabilisations. D’abord surprenante, cette situation devient plus lisible désormais pour les autorités françaises.

L’Azerbaïdjan est principalement visée. Mais aussi la Turquie. Les deux gouvernements sont soupçonnés d’avoir instrumentalisé les indépendantistes calédoniens pendant des mois. La DGSI en a les preuves, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur a fini par en parler publiquement.

Profondément « choqué », il explique clairement que « l’Azerbaïdjan essaye d’utiliser le dossier calédonien pour répondre à la défense des Arméniens et du massacre des Arméniens par la puissance azerbaïdjanaise ». L’Arménie, petit pays de 3 millions coincé entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, a fait face à l’épuration ethnique de sa population arménienne basée en Artsakh l’année dernière. 130 000 habitants déplacés de force, sans que la communauté internationale ne lance de représailles envers l’Azerbaïdjan. La France a décidé d’aider militairement cet allié de longue date.

Quid des relations Nouvelle-Calédonie et Azerbaïdjan/Turquie ? Le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan ont signé un mémorandum de coopération mi-avril. De quoi faire réagir là-aussi Gérald Darmanin, soucieux de défendre les intérêts de la France : « Il ne m’avait pas paru évident que l’Azerbaïdjan avait un intérêt dans le Pacifique Sud ».

Devant la commission des lois de l’Assemblée Nationale, il a évoqué « l’ingérence extrêmement néfaste » de l’Azerbaïdjan du dictateur Alyiev. Pays qui a encore chuté dramatiquement cette année dans le classement RSF des droits de la presse et de la liberté d’expression.

Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur a annoncé que cinq « radicaux et violents » sont placés en résidence surveillée, tous membres de la CCAT, une organisation indépendantiste.

À ce sujet, une manifestation organisée par la CCAT a vu flotter un drapeau de l’Azerbaïdjan récemment. L’organisation est née quelques mois après la création du « Groupe d’initiative de Bakou », qui lutte contre le colonialisme…

À ce sujet, le député de la Vienne Sacha Houlié se montre ferme sur France Info : « Ne soyons pas aveugles face aux ingérences. En Nouvelle-Calédonie, l’Azerbaïdjan soutient, notamment financièrement, des activistes violents. Ces ingérences étrangères visent à déstabiliser la France en Indo-Pacifique et appellent une réponse implacable. »

Dans le même ordre d’idées, le 1er mars dernier, des représentants indépendantistes se sont rendus à une conférence internationale sur la décolonisation à Istanbul (Turquie). Les frais de transport de la délégation kanak ont même été payés par les services secrets de l’Azerbaïdjan. De cette réunion, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron dénonçant les « dérives colonialistes de la France » a même été lue.

Autre épisode clé, à l’automne dernier, le contre-espionnage français a déjoué une opération menée par Bakou contre la visite du ministre français des Armées à Nouméa. Sans parler des multiples attaques d’armées numériques orchestrées par Bakou et Ankara.

Affaiblir l’État français ou simple réponse au soutien de la France à la démocratie chrétienne arménienne ? Guerre politique, de religion ou sociétale ? Priorité au retour à l’ordre côté français. Le Premier ministre Gabriel Attal a jugé grave la situation, suite à un « déchaînement de violence inouïe ».

Nouvelle-Calédonie : les images de la nuit d’émeutes, scènes de guerre civile

Méconnaissable Nouméa. La capitale de l’archiel calédonien est le centre de scènes de violence exceptionnelles. Dans la nuit de lundi à mardi, des émeutes ont largement dévasté la ville. Des images de bâtiments en feu, une usine dont sortent des fumées noires, des tirs avec des armes de gros calibres, des supermarchés pillés…

La raison de tout cela ? Le futur vote des députés concernant une révision constitutionnelle. Un vote décrié par les indépendantistes.

Ce matin, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin annonce que « des renforts vont partir » (GIGN, Raid, gendarmerie mobile), alors que 11 policiers et 35 gendarmes ont été blessés cette nuit. Le gouvernement local de la Nouvelle-Calédonie a appelé à « la raison et au calme ». Le danger est tel que des milices citoyennes se relayent pour protéger leurs habitations.

En conférence de presse, le haut-commissaire de la République « met en garde » les émeutiers. De nombreux tirs de carabines ou d’armes de gros calibres ont été recensés contre des gendarmes. Aucun mort, fort heureusement.

Pour calmer les esprits, un couvre-feu vient d’être décrété pour la nuit de mardi à mercredi. De 18 heures à 6 heures du matin. Tout rassemblement est interdit dans le grand Nouméa, de même que le port d’armes et la vente d’alcool dans l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie.

Les habitants témoignent de cette nuit cataclysmique. De la peur dans les yeux. Les 270 000 habitants du territoire sont invités à rester chez eux. Incendies volontaires, supermarchés pillés, Nouméa au cœur de scènes de guerre civile. Des violences qui se propagent aussi à Dumbéa ou au Mont-Dore.  

Qu’en est-il exactement de cette réforme constitutionnelle pointée du doigt ? Après avoir été adoptée par le Sénat, cette loi vise à élargir le corps électoral de l’archipel. Pas de quoi aplanir les tensions entre loyalistes et indépendantistes. Difficile de s’entendre concernant le nouveau statut de ce territoire. Même si lors des trois référendums d’autodétermination, le « non » à l’indépendance l’a emporté.

QR code, périmètres, criblage – Darmanin sécurise Paris 2024

Priorité à la sécurité. Gérald Darmanin est venu ce mardi rencontrer des policiers de la brigade fluviale de Paris. À cette occasion, le ministre de l’Intérieur a détaillé les mesures de sécurité déployées en amont et le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, prévue le 26 juillet prochain sur la Seine.

Cette cérémonie d’ouverture sera la première de l’histoire olympique à être organisée à ciel ouvert, dans une enceinte ouverte. Les athlètes défileront à bord de bateaux du pont d’Austerlitz jusqu’au pont d’Iéna. Après des semaines de questionnements au sujet de ce dispositif, Gérald Darmanin a tenté de rassurer. Via notamment la mobilisation complète de tous les acteurs de la sécurité.

Concrètement, une semaine avant le lancement des JO, « 20 000 habitants, proche de la Seine » seront concernées par cette « zone de sécurité renforcée ». Sept jours avant la cérémonie, toute personne qui souhaitera fréquenter cette zone devra impérativement être déjà inscrite sur une plate-forme dédiée.

« À compter du 10 mai », a annoncé le ministre de l’Intérieur, « sur inscription, un QR code permettant de traverser ces zones sécurisées sera délivré pour ces personnes après qu’elles aient communiqué leurs informations personnelles ». Ce QR Code sera alors obligatoire pour circuler dans cette zone sécurisée.

En revanche, pour ceux qui voudront simplement traverser Paris, Gérald Darmanin est clair, il faudra suivre des itinéraires spécifiques : « Nous avons cinq points de passage déterminés durant cette semaine de préparation de la cérémonie d’ouverture. La passerelle Léopold-Sédar-Senghor (1er arrondissement) sera réservée aux piétons. Et quatre autres ponts piéton et automobile, sur lesquels il sera possible de traverser Paris sans s’enregistrer ». 

Face aux médias, Gérald Darmanin a précisé également que les personnes accréditées pour les Jeux, ainsi que les effectifs de sécurité, avaient été étudiés au peigne fin. « 161 fichés S ont été écartés sur les 195 000 criblages déjà effectués », a-t-il expliqué. Ajoutant : « 1 392 individus ont vu leur carte professionnelle être retirée puisqu’ils présentaient un casier judiciaire, qu’ils étaient fichés ou en situation irrégulière ».