Exclu : Les dessous du mercato du football

05 juillet, 2016 / Jerome Goulon

Antoine Grynbaum et Stéphane Bitton dévoilent dans un livre, paru aux éditions Solar, les coulisses du marché des transferts qui rythme le milieu du football.

 

Alors que l’Euro 2016 bat son plein, le mercato estival, qui s’est ouvert le 1er juin va également tenir en haleine tous les fans de football durant tout l’été. Tout au long de cette période, tous les rêves, y compris les plus fous, sont permis pour chaque supporter, attentif à la stratégie de son club favori. Et chaque matin, la presse spécialisée va spéculer sur les rumeurs de transfert, le montant des indemnités que se verseront les clubs ou les montants des salaires que percevront les joueurs dans leur nouveau club.

Mais dans les coulisses, agents, présidents ainsi que les joueurs et leurs familles sont sur les dents et jouent un jeu de poker-menteur dans lequel tous les coups son permis. Négociation de contrat, commissions, optimisation fiscale, coups bas, rebondissements de dernière minute… Chaque marché des transferts offre son lot de surprises. Avec Les Secrets du mercato, Antoine Grynbaum et Stéphane Bitton se sont plongés dans les secrets qui entourent les transferts des stars du ballon rond. Déjà, quelques gros coups ont été réalisés sur le marché : Zlatan Ibrahimovic enfile le maillot de Manchester United, Steve Mandanda file à l’anglaise, à Crystal Palace, Samuel Umtiti s’installe au FC Barcelone, Hatem Ben Arfa s’engage avec le PSG…

Antoine Grynbaum nous explique les dessous d’un marché qui brasse, chaque année, plusieurs centaines de millions d’euros sur les cinq continents.

 

Entrevue : Qui détient véritablement le pouvoir lors du transfert d’un joueur ?

Antoine Grynbaum : Les joueurs… La technique du bras de fer est devenue monnaie courante : Thauvin qui n’a pas voulu jouer le moindre match avec Lille et a fini par rejoindre l’OM, Motta qui a menacé de partir pour obtenir une forte augmentation au PSG ou encore Ben Arfa qui a menacé d’arrêter le football si l’OM ne le laissait pas signer à Newcastle…

 

Un transfert, c’est le jackpot pour l’entourage d’un joueur ?

Le foot business permet aux agents de gagner beaucoup d’argent. Ils touchent une commission de 5 à 7,5% – la loi la plafonne à 10% – du salaire brut du joueur qu’ils conseillent. Ils peuvent aussi toucher parfois une prime d’un club qu’ils ont aidé sur la vente d’un joueur. Et puis, il y a aussi un entourage bis, moins officiel. Un proche, un ami, un oncle qui suit le joueur depuis son enfance, et qu’il faut rémunérer sous peine de faire capoter le transfert.

 

Pourquoi les milieux mafieux sont-ils parfois mêlés aux transferts ?

C’est notamment le cas à l’OM. Cambriolages, menaces sur les joueurs, rétro-commissions au profit du grand banditisme via des intermédiaires du milieu du football… Un journaliste bien renseigné nous a même livré cette confidence : « Le “Milieu“ utilise les filles avec beaucoup de monde, des magistrats, des notables. Bref, ils font des enquêtes sur les habitudes sexuelles de ceux qui les intéressent ».

 

Les écoutes téléphoniques de Jean-Pierre Bernès publiées dans la presse symbolisent-elles ce qu’il se passe dans ce milieu ?

C’est un milieu où beaucoup de gens se détestent. L’argent rend fou. Après, ces écoutes ont semble-t-il été livrées à des journalistes dans le but de faire mal à Deschamps notamment.

 

Les pouvoirs publics agissent-ils pour tenter d’assainir ce milieu  ?

La France a un organe qui contrôle la gestion des clubs (DNCG) mais n’évite pas les abus : évasion fiscale, compléments de salaires déguisés en droits d’image… Il faudrait une coopération européenne beaucoup plus importante afin d’enrayer des mécanismes de blanchiment d’argent sale, en s’attaquant notamment à certains pays des Balkans.

 

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