« Violeurs étrangers dehors » Que s’est-il passé à Dole avec le collectif Némésis ?

20 mai, 2024 / Radouan Kourak

Ce dimanche 19 mai, deux militantes du collectif féministe identitaire Némésis ont vu leur banderole, portant la mention « Violeurs étrangers dehors », arrachée lors d’une manifestation à Dole, en Franche-Comté. La vidéo de l’incident, diffusée par Yona Faedda, porte-parole du collectif, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux.

Sur les images, on voit Yona Faedda accompagnée d’Anaïs, une autre militante, debout sur un pont avec des fumigènes bleus, soulever la banderole avant d’être interpellées par un homme qui la leur confisque. Revenant avec des pancartes, les militantes se heurtent à deux autres individus qui interviennent brutalement pour les leur arracher. Anaïs a qualifié l’intervention des hommes de « très courageuse » de manière ironique sur les réseaux sociaux. Le premier homme à intervenir, Christophe Lime, un Bisontin et candidat du Parti Communiste Français (PCF) aux élections européennes, a expliqué avoir agi seul au départ avant d’être rejoint par un autre homme.

La mairie de Dole, dirigée par Jean-Baptiste Gagnoux, membre des Républicains, a étonnamment annoncé ce lundi son intention de déposer plainte contre le collectif Némésis pour « troubles à l’ordre public ». Cette décision a surpris de nombreux observateurs puisque ce sont habituellement des élus de gauche qui s’opposent aux actions de Némésis. Alice Cordier, présidente du collectif, a exprimé son indignation sur les réseaux sociaux, dénonçant cette plainte contre ce qu’elle considère comme des pancartes pacifiques demandant l’expulsion des violeurs étrangers.

Cette action à Dole s’inscrit dans une série d’interventions similaires menées par Némésis. Quelques semaines auparavant, Yona Faedda avait brandi une banderole à Besançon, indiquant que « 46 femmes auraient été épargnées si les OQTF [Obligations de Quitter le Territoire Français] avaient été appliquées en 2023 ». Cette affiche avait suscité l’indignation des habitants et des responsables associatifs et politiques de Besançon, conduisant à une plainte de la maire EELV et à la garde à vue de la militante pendant 10 heures.

La réaction de la mairie de Dole est d’autant plus surprenante que le trouble à l’ordre public semble avoir été provoqué par l’intervention violente de Christophe Lime. Les collectifs et partis locaux de gauche, comme La France Insoumise du Jura, ont condamné l’action de Némésis, la qualifiant de fasciste et imputant la responsabilité au gouvernement d’Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin pour « la multiplication des actes violents de l’extrême droite depuis leur arrivée aux affaires ».

La question de la légalité de la revendication de l’expulsion des violeurs sur la pancarte reste débattue. La pancarte en question ne mentionnait aucune communauté ethnique ou religieuse spécifique, soulevant des interrogations sur les limites de la liberté d’expression et les accusations de discours de haine. Les réactions violentes et disproportionnées des opposants à Némésis, ainsi que la plainte inattendue de la mairie de Dole, ont provoqué une vague de réactions sur les réseaux sociaux.