Révolution dans l’Audiovisuel Français : Vers la Naissance d’un Géant Médiatique ?

11 mai, 2024 / Entrevue

Le paysage audiovisuel public français est sur le point de subir une transformation monumentale, avec l’annonce par le gouvernement d’une fusion majeure des principales sociétés du secteur, prévue pour le 1er janvier 2026. Cette initiative fait suite à la mise en place, en 2025, d’une holding, marquant ainsi une étape significative dans l’évolution de ce domaine stratégique de la culture et de la communication en France.

Sous l’impulsion de la ministre de la Culture, Rachida Dati, l’idée d’un « pôle puissant » dans l’audiovisuel a été avancée, avec un soutien initial à un regroupement rapide au sein d’une holding. Cependant, des interrogations persistaient quant à la profondeur de cette intégration, suscitant des préoccupations au sein de l’industrie et des observateurs.

Le plan gouvernemental propose ainsi un processus en deux phases ambitieux : tout d’abord, la mise en place d’une société holding dès le 1er janvier 2025, rassemblant sous une même bannière des acteurs majeurs tels que France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (incluant RFI et France 24) ainsi que l’INA. Cette première étape vise à créer une structure organisationnelle unifiée, prête à absorber les défis à venir.

Mais c’est surtout la seconde phase qui retient l’attention : dès le 1er janvier 2026, il est prévu la fusion des filiales de ces sociétés au sein d’une entité commune baptisée « France Médias ». Ce processus de fusion impliquera le transfert de tous les actifs, droits et obligations des sociétés concernées à cette nouvelle entité, marquant ainsi une consolidation sans précédent dans le paysage médiatique français.

La gouvernance de ce mastodonte médiatique sera confiée à un PDG, nommé pour un mandat de cinq ans par l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel. Cette nomination sera soumise à une procédure transparente, ouverte, effective et non discriminatoire, garantissant ainsi une direction éclairée et responsable de cette nouvelle entité.

Au cœur de cette réforme se trouve l’objectif ambitieux de proposer une offre audiovisuelle plus riche, mieux diffusée sur tous les canaux de communication, et ce, dans le but de répondre aux besoins diversifiés de l’ensemble de la population française. Cette initiative vise à renforcer la présence et la pertinence de l’audiovisuel public dans un paysage médiatique en constante évolution.

Pourtant, malgré ces ambitions louables, cette réforme n’est pas sans susciter des critiques et des oppositions. Les syndicats de Radio France, notamment, ont exprimé leur ferme opposition à toute forme de fusion, craignant que cela ne compromette la spécificité et la force de la radio publique. Des grèves sont déjà annoncées en signe de protestation.

De même, la réticence de la PDG de Radio France, Sibyle Veil, à cette fusion témoigne des préoccupations quant à l’impact potentiel sur la qualité et l’identité de la radio publique, en particulier à une époque où les débats sur les effets néfastes des écrans sur la santé publique et le bien-être des jeunes sont de plus en plus présents.

Alors que le débat sur l’avenir de l’audiovisuel public français continue de faire rage, la question de savoir si cette réforme aboutira à la création d’un géant audiovisuel puissant et novateur ou à une perte d’identité et d’efficacité reste au centre des préoccupations et des controverses.