Polémique après la publication d’un rapport pointant l’absence de pluralisme dans l’audiovisuel public

28 mai, 2024 / Entrevue

Un récent rapport du think tank libéral et conservateur Thomas More a ravivé les flammes du débat sur l’audiovisuel public en France. Ce rapport pointe du doigt un supposé manque de pluralisme dans les médias publics français, notamment au sein de Radio France.

L’étude, menée sur une période de six jours, a scruté les interventions sur six chaînes et radios publiques, dont France 2, France 5, France Inter, et France Culture. Selon ses conclusions, les médias publics seraient enclins à privilégier les intervenants de gauche, délaissant ainsi un équilibre représentatif des diverses opinions politiques. Par exemple, l’émission « Complément d’enquête » sur France 2 aurait été pointée du doigt pour son traitement partial des sujets tels que les grandes fortunes ou le Rassemblement national, tandis que La France insoumise ne serait jamais qualifiée d' »extrême gauche ».

Radio France a vigoureusement réfuté les conclusions de cette étude, la qualifiant de « hautement questionnable » et remettant en cause sa méthodologie. Selon l’institut Thomas More, la méthodologie adoptée était nécessaire pour évaluer le pluralisme médiatique, mais Radio France a souligné qu’elle divergeait des pratiques d’évaluation habituelles en la matière.

Le Figaro Magazine, qui a relayé ce rapport, a lui aussi été la cible de critiques de la part de Radio France, accusant le magazine de mener une « opération de dénigrement » récurrente de l’audiovisuel public.

Ce rapport risque fort de susciter des débats houleux lors de l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi de réforme de l’audiovisuel public, prévu pour mi-juin. Il soulève ainsi des interrogations cruciales sur la nécessité de redéfinir les missions de l’audiovisuel public pour garantir un véritable pluralisme et une représentation équitable des diverses opinions au sein des médias financés par les impôts des Français.

Le rapport met en lumière plusieurs statistiques concernant le traitement médiatique dans les médias publics français, notamment :

  • Sur un total de 587 participants étudiés, la moitié est qualifiée de « neutre », 25 % sont classés comme « socialistes et progressistes », 21 % comme « libéraux et progressistes » et seulement 4 % comme « libéraux et conservateurs ».
  • L’étude indique que l’ensemble des chaînes étudiées reçoivent plus d’invités de gauche que de droite, avec des déséquilibres dans le traitement des sujets.
  • Sur la période de trois mois analysée, France Inter est identifiée comme la radio qui compte le moins de personnes « neutres » (37 %) et le plus d’intervenants « socialistes et progressistes » (32 %).
  • Une mesure du temps de parole des courants politiques effectuée sur trois mois révèle que les « gauches » s’expriment beaucoup plus que les résultats obtenus aux législatives, tandis que la « droite radicale » s’exprime beaucoup moins que les résultats électoraux.
  • L’étude critique également le traitement médiatique des sujets tels que l’écologie, où la thèse de l’écologie « décroissante » est largement dominante par rapport à d’autres approches.

Ces chiffres, présentés dans le rapport, alimentent les débats sur le pluralisme et l’équilibre des opinions dans les médias publics français.