Netanyahu sur LCI : « Chaque mort civil est une tragédie, mais le Hamas utilise les civils comme boucliers humains »

30 mai, 2024 / Entrevue

Ce Jeudi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accordé une interview exclusive à TF1 et LCI. Cet entretien face au journaliste Darius Rochebin, enregistré en duplex entre Paris et Israël, a suscité une vive polémique, notamment en raison de manifestations pro-palestiniennes devant le siège de TF1.

Tragédie des pertes civiles

Lors de cet entretien, Netanyahu a insisté sur la tragédie de chaque mort civil, soulignant que chaque enfant et chaque femme tués sont une tragédie. Il a affirmé qu’Israël fait tout son possible pour éloigner les civils des zones de combat. « Chaque mort de civil est une tragédie. Chaque enfant, chaque femme qui meurt est une tragédie », a-t-il déclaré. Il a accusé le Hamas d’utiliser les civils comme boucliers humains, affirmant que « pour le Hamas, c’est une stratégie. Ils utilisent les civils comme boucliers humains. Le Hamas fait tout pour garder les civils à Gaza en leur tirant dessus lorsqu’ils veulent sortir ». Netanyahu a avancé le chiffre d’un civil tué pour chaque combattant du Hamas mort, un ratio largement contesté par les observateurs indépendants sur le terrain. « 1 pour 1, c’est le taux le plus bas dans une guerre urbaine moderne », a-t-il ajouté.

Comparaisons historiques controversées

Netanyahu a comparé la situation actuelle à des épisodes historiques marquants, visant à justifier les actions israéliennes. Il a évoqué le débarquement en Normandie pour illustrer l’offensive israélienne à Rafah : « Lorsqu’on va à Rafah, c’est l’équivalent du débarquement en Normandie, de leur attaque contre l’Allemagne. Les gens ont-ils dit : ‘On peut laisser intact 20 % de l’armée nazie, ne rentrez pas à Berlin’? » Cette comparaison a été perçue comme une tentative de légitimer les opérations militaires israéliennes par l’analogie avec une campagne largement considérée comme juste pendant la Seconde Guerre mondiale.

Concernant le mandat d’arrêt international lancé contre lui par la Cour pénale internationale, Netanyahu a dénoncé ce qu’il considère comme une négation du droit d’Israël à se défendre. « La Haye nie à Israël le droit de se défendre en mettant dans un même procès les dirigeants d’un pays démocratiquement élus et les chefs terroristes du Hamas », a-t-il affirmé. Il a comparé cette situation à un procès hypothétique où De Gaulle et Churchill auraient été jugés avec les dirigeants nazis à Nuremberg, soulignant l’absurdité selon lui de la situation.

Réponse aux accusations d’attaques ciblées

Interrogé sur les accusations d’attaques ciblées contre les civils à Gaza, Netanyahu a réfuté ces allégations, affirmant qu’Israël fait tout pour éviter la famine et fournir des vivres aux civils palestiniens. « On ne fait pas d’attaques ciblées à Gaza mais on ne peut pas éviter les morts civils. C’est faux de dire que l’on attaque les civils, on a tout fait pour éviter la famine, » a-t-il déclaré. Il a souligné que les erreurs de ciblage sont inévitables en guerre urbaine, mais que le taux de pertes civiles est le plus bas jamais enregistré dans ce type de conflit.

Critiques des manifestations pro-palestiniennes

Réagissant aux manifestations pro-palestiniennes dans le monde, Netanyahu a accusé les militants de cibler injustement Israël tout en restant silencieux face aux massacres en Syrie, en Irak et au Yémen. « Où étaient-ils lorsque des millions de personnes ont été tuées en Syrie, en Irak, au Yémen ? Ces gens-là ciblent la démocratie d’Israël et rien d’autre, » a-t-il déclaré, accusant les manifestants de partialité et de double standard.

Reconnaissance d’un État palestinien

Netanyahu a fermement rejeté l’idée d’une reconnaissance d’un État palestinien, estimant qu’un tel État deviendrait un « État terroriste » soutenu par l’Iran et encouragerait les actes terroristes à l’échelle mondiale, y compris en France. « Si vous leur donnez un État, ce sera la plus belle récompense pour ces terroristes. Ça encouragera les actions terroristes partout dans le monde, » a-t-il affirmé. Il a insisté sur la nécessité de vaincre le Hamas, de démilitariser Gaza et de travailler à une déradicalisation avant toute discussion sur la paix.

Il a aussi abordé la possibilité d’une gestion internationale de Gaza, déclarant qu’il serait heureux de voir une force internationale qui empêcherait le retour du terrorisme, bien qu’il ait exprimé son scepticisme quant à la réalisation de cette option dans un avenir proche.

Réponse aux manifestations devant TF1

Pendant la diffusion de l’interview, des manifestants pro-palestiniens, dont des figures de La France Insoumise, se sont rassemblés devant le siège de TF1. Portant des keffiehs et des drapeaux palestiniens, ils ont scandé des slogans accusant Israël de crimes. L’Association France Palestine Solidarité a notamment déclaré que Netanyahu devrait être jugé pour crimes de guerre, et non interviewé à la télévision française. Rima Hassan, militante franco-palestinienne et candidate aux élections européennes, a incité les employés de TF1 à saboter l’émission pour empêcher la diffusion de l’interview.

Contexte et répercussions

Cette interview, diffusée dans un contexte de tensions exacerbées par la guerre à Gaza, a été scrutée de près par les observateurs internationaux et les médias. Les propos de Netanyahu ont divisé l’opinion publique, alimentant un débat déjà intense sur la légitimité des actions israéliennes et la situation des civils palestiniens. Netanyahu a tenté de présenter la guerre contre le Hamas comme une défense non seulement d’Israël, mais aussi de la civilisation occidentale, cherchant à rallier le soutien international tout en faisant face à des critiques croissantes sur la scène mondiale.

En conclusion, l’interview de Benjamin Netanyahu sur TF1 et LCI a mis en lumière les positions fermes du Premier ministre israélien sur la situation à Gaza, tout en exacerbant les tensions existantes entre les partisans et les opposants de la politique israélienne. Les comparaisons historiques et les affirmations controversées de Netanyahu continueront probablement à susciter des débats intenses et à polariser les opinions tant en France qu’à l’étranger.