Maxime Van Laer, l’humoriste sans langue de bois !

01 mai, 2021 / Jerome Goulon

« Je pense que c’est Brigitte Macron qui a eu l’idée du couvre-feu, pour éviter que Manu se casse la nuit faire des escapades ! »

Maxime s’est fait connaître au début des années 2000 grâce à Graine de Star ( M6 ), On a tout essayé, sur France 2  et La Ferme Célébrités ( TF1 ). Cette année, l’humoriste prépare son retour dans son nouveau one-man-show, J’aurais pas dû, qui promet de faire grincer quelques dents…

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Jérôme Goulon : Ton nouveau spectacle s’appelle J’aurais pas dû… Pourquoi ce titre ?
Maxime Van Laer : Je l’ai trouvé après avoir écrit le spectacle. La réflexion « J’aurais pas dû »  revient souvent dans mon spectacle.  Même si je « J’aurais pas dû » peut se transformer en « Tout compte fait… »

Tu as un exemple ?
Un exemple concret tiré d’une histoire personnelle : il y a quelques années, je me retrouve face à un portier de discothèque de 35 ans. Il ne me laisse pas rentrer parce que je suis en baskets. Sur le coup, je lui fais remarquer que mes baskets valent trois fois son costume. Et là, il me dit : « Moi, je suis à l’intérieur, et toi tu es dehors, tu ne rentres pas. » Donc là, je me suis dit : « J’aurais pas dû. » Sauf que des années plus tard, je me dis « Tout compte fait », car j’en ai fait finalement fait un sketch, qui a été l’un de mes sketches phares et qui m’a permis de décoller ! 

Et à propos des « J’aurais pas dû », quel est ton plus gros regret ?
J’aurais pas dû refuser le film Ma femme s’appelle Maurice, de Jean-Marie Poiré. Après ça, je n’ai en effet pas eu de grosses propositions de films…

Et pourquoi tu as refusé de tourner dans un film de Poiret ?
C’était en 2001. Ma femme s’appelle Maurice était une pièce de théâtre, dans laquelle Chevallier et Laspalès jouaient. Jean-Marie Poiré en avait fait un scénario. Moi, à l’époque, j’étais produit par Gérard Louvin. Et donc Poiré me propose le film. Je vais chez Jean-Marie Poiré. J’étais ravi qu’il ait pensé à moi. Il m’avait vu dans l’émission de Christine Bravo. Mais j’ai refusé car le calendrier ne collait pas avec celui de mon spectacle, qui démarrait très très fort. J’ai dû faire un choix, et ça a été très dur. 

Et à propos de scène, quand aura lieu ton nouveau spectacle ? Tu as une idée ?
On devait commencer fin janvier au théâtre Montorgueil, puis enchaîner avec une tournée, mais ça a été décalé à cause de la cris sanitaire…

À ce sujet, que penses-tu du confinement et du couvre-feu ?
Je pense que c’est Brigitte Macron qui a eu l’idée du couvre-feu, pour éviter que Manu se casse la nuit faire des escapades ! 

La fermeture des salles de spectacle, tu le vis comment ?
Je le vis très mal, comme tous ceux qui ont des métiers qui paraissent non-essentiels de prime abord, mais qui en réalité sont essentiels pour l’équilibre des gens. Les gens ont besoin de rire, de se divertir, d’aller au cinéma, de sortir, d’être en mouvement. On nous a habitués à rester chez nous à regarder Netflix et manger avec Uber Eat On nous dit : « Couché, pas bouger, travailler ! » Je pense qu’il faut aller à l’encontre de ça et revenir à une vie normale. Alors c’est sûr qu’avec ce Covid, ce n’est pas évident, mais il va falloir surtout qu’on redonne envie aux gens de ressortir, de rebouger, d’aller au cinéma et au théâtre. 

Ce ne sont pas vraiment les Français qui décident…
C’est vrai. Après, je ne suis pas à la place de ceux qui nous gouvernent. Chacun a son idée. On est tous meilleurs que le Premier ministre et que le président, mais c’est toujours plus facile de commenter quand on n’a pas de responsabilités. Je pense que ceux qui nous dirigent ont peur de prendre des mauvaises décisions et que ce soit un cataclysme général. Donc ils prennent des mesures. Mais globalement, il y a eu trop d’avis. Trop de médecins et trop de spécialistes ont donné leur opinion. Les politiques auraient dû se fier à deux ou trois personnes détachées de tout intérêt économique. 

Tu as un avis sur Raoult ?
Ce gars, il n’avait rien à gagner à dire ce qu’il avait à dire. Il a parlé d’un médicament qui existe depuis 70 ans, qui a été vendu à des milliards de doses, et du jour au lendemain, on a dit qu’on pouvait mourir de ce médicament… Ça pose question. Dans une vingtaine d’années, on se moquera de tout ça. C’est du grand théâtre…

Un triste théâtre…
Oui. On ne va pas museler notre jeunesse… Ce n’est pas à la jeunesse de se sacrifier. Je suis passé devant une école maternelle avec des dessins : « Virus, va-t-en ! » Ça a traumatisé une partie de la jeunesse. Ça fait un an qu’on est là-dedans. J’espère que tout sera terminé au printemps…

Quand les salles ouvriront de nouveau ( les théâtre étaient toujours fermés au moment de l’interview, Ndlr. ), que voudrais-tu dire aux Français ?
Rire est un remède à beaucoup de choses ! Ça combat la morosité, ça déclenche des hormones positives. Quand tout sera réouvert, revenez ! Vous serez mieux dans votre peau et plus à-même de combattre tous les virus de la Terre ! Il ne faut pas vivre dans la peur. C’est contraire à l’être humain. Au Moyen-Âge, ils étaient tous confrontés à des choses terribles, et s’ils s’étaient tous arrêtés de vivre, nous ne serions pas là ! Il y a eu la peste, le choléra… 

Quelle serait la solution ?
Depuis le départ, je dis qu’on aurait dû faire attention aux plus fragiles. On aurait pu mettre en place une aide-Covid pour les personnes les plus fragiles par exemple, leur faire leurs courses pour qu’elles n’aient pas à sortir, et laisser vivre les autres. Après, c’est toujours facile à dire… 

Tu dis que le rire est un remède, mais on a l’impression qu’on ne peut plus rire de tout aujourd’hui…
Oui, c’est ce que je dis dans mon spectacle. Il n’y a qu’une seule catégorie qui peut rire de tout, c’est les ventriloques ! Jeff Panacloc, il a tout compris ! Il a pris un singe, un faux heureusement, sinon il aurait eu Brigitte Bardot sur le dos, disant qu’on ne met pas un doigt dans le cul au singe ! ( Rires ) Et donc pour en revenir aux ventriloques, ils peuvent tout dire. Ce n’est pas le cas de tous les comiques.

Tu as des sketches qui dérangent ?
Dans les « J’aurais pas dû », je raconte une soirée déguisée. Je dis : « Le thème, c’était la tolérance. Mon pote était habillé en imam, et moi, en rabbin. La soirée était à la Courneuve. Mon pote a été accueilli à coups de ‘Allah Akbar’ et moi j’ai été accueilli à la kalash »… Et quand je fais cette blague, j’entends des réactions indignées. Mais moi, je trouve que c’est très raciste de ne pas pouvoir dire les choses et rire de tout. Un Juif peut parler des Juifs, un Arabe des Arabes, un gitan des gitans… Il y a que sur les roms que tu peux taper. Ils n’ont pas de tribu pour se défendre. Ils n’ont pas d’association… Tout cela est très raciste et hypocrite. Ça me dégoûte…

Tu t’interdis d’aborder certains thèmes ?
Non. Je ne m’interdis rien. Après, je ne revendique rien de particulier. Je blague sur tout. Exemple, je dis dans mon spectacle : « Pendant le confinement, j’ai envoyé mon ado s’acheter du shit, en espérant qu’il se fasse arrêter. J’en pouvais plus de sa gueule ! »( Rires ) J’essaye de mettre le moins de barrières possible. Même si parfois, mon metteur en scène ou ma prod’ me disent de faire attention. Je ne peux pas toujours me lâcher autant que je me lâche avec mes potes, de peur de ne pas être compris…

Ça t’es déjà arrive d’avoir un public peu réceptif ?
Oui, bien sûr. Après, c’est l’artiste qui tient les rênes. Si ça ne rigole pas, ce n’est jamais de la faute du public. Certains artistes trouvent comme excuse que le public est mauvais, mais je n’y crois pas une seconde. Même si certains soirs sont meilleurs que d’autres. 

J’imagine que ça change selon le lieu…
Oui. J’ai joué en Belgique, et là-bas, ils ne t’analysent pas, ils ne te jugent pas. Ils rigolent à tout. À Paris, bien souvent, avant de rire, les gens vont d’abord te juger. Et ça, c’est insupportable. J’ai envie de dire : « Ta gueule, dégage ! » ( Rires )

Des humoristes se font critiquer pour donner leur avis sur la politique. Pour toi, un humoriste doit prendre parti ?
Je pense que quand tu es humoriste, tu dois taper sur les politiques de tous bords ! C’est ce que Coluche faisait. Sinon, tu te coupes d’une partie de l’opinion des autres, et on n’est pas là pour ça ! Autrement, autant enlever ton nez rouge et faire de la politique. 

Donc quand Bigard a dit qu’il voulait se présenter à la présidentielle, pour toi, c’est une erreur ?
Jean-Marie, c’est un ami. Il est grand, je le respecte, il a une carrière extraordinaire. Après, lui-même s’est rendu compte que c’était une erreur. Il est proche des gens, et il voit que les Français sont dans une situation compliquée. Il a voulu être porte-drapeau de ces gens-là. Mais la difficulté, c’est que quand tu n’as plus les pieds dans la merde, tu ne sais plus si ça sent encore mauvais. Et c’est peut-être ce qu’on lui  a reproché, alors qu’il sait ce que c’est. Jean-Marie est un mec tellement généreux… 

Si un humoriste devenait président et te faisais choisir un ministère, tu choisirais quoi ?
Sport et détente ! ( Rires ) Massages et détente. Comme ça, je suis peinard ! 

Pour finir, à part ton spectacle, tu as d’autres projets ?
Oui. Il y des pièces de théâtre en écriture. Et puis je vais écrire un ouvrage, qui va retracer des choses que des gens ne savent pas sur moi et sur ma vie, dont je n’ai jamais parlé. Ce sont des choses un peu sérieuses que je pourrai dédier à mes enfants. Eux sont au courant des choses, mais je préfère ne pas en dire plus pour le moment…

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Jérôme Goulon et Maxime Van Laer