L’Union europééne Renforce la Surveillance de la Plateforme Chinoise Temu

31 mai, 2024 / Entrevue

La Commission européenne a ajouté ce vendredi la plateforme chinoise de commerce en ligne Temu à la liste des très grandes plateformes soumises à des contrôles renforcés dans le cadre du règlement sur les services numériques (DSA), selon un responsable européen.

Temu, qui connaît une ascension fulgurante en Europe grâce à sa politique de prix cassés, devient ainsi la 24e plateforme à être soumise aux règles européennes les plus strictes, rejoignant des géants comme Amazon, Shein et Zalando. Ces mesures visent à protéger les consommateurs contre les contenus illégaux, a précisé le responsable sous couvert d’anonymat.

Créée en 2015, Temu est la version internationale de Pinduoduo, un mastodonte chinois du e-commerce. La plateforme propose une vaste gamme de produits, allant des vêtements aux jouets, en passant par la décoration, les outils et les articles high-tech. Avec plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union européenne, Temu dépasse largement le seuil de 45 millions d’utilisateurs à partir duquel une régulation renforcée peut être imposée par l’UE.

Récemment, des associations ont accusé Temu de manipuler les utilisateurs et de violer plusieurs dispositions du DSA. Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a déposé une plainte auprès de la Commission européenne, alléguant que Temu utilise des interfaces trompeuses, connues sous le nom de « dark patterns », pour inciter les clients à dépenser davantage.

Depuis février, le DSA impose de nouvelles obligations à toutes les plateformes en ligne, y compris Temu, sous peine d’amendes, afin de mieux protéger les utilisateurs contre les contenus illégaux. Le règlement interdit les interfaces trompeuses, exige une transparence accrue sur les algorithmes de ciblage des internautes, et oblige les plateformes à vérifier l’identité des vendeurs et à bloquer les fraudeurs récidivistes.

En plus de ces exigences, Temu devra désormais analyser les risques liés à ses services et mettre en place des mesures pour les atténuer. Cette analyse devra être rapportée annuellement à la Commission européenne, qui joue désormais un rôle de régulateur du numérique dans l’UE.

« Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l’achat de produits dangereux ou illégaux, et empêcher particulièrement la vente de produits nocifs pour les mineurs », a expliqué le responsable européen.

Temu devra se conformer à ces nouvelles obligations d’ici à la fin septembre. En cas de non-respect, les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre 6% de leur chiffre d’affaires annuel mondial, voire à une interdiction d’exercer leurs activités en Europe en cas de violations graves et répétées.

Avec cette décision, Bruxelles renforce son arsenal réglementaire pour garantir un environnement numérique sûr et transparent pour tous les consommateurs européens.