Léa Djadja : « Le maquillage peut sauver à sa manière des êtres humains et des femmes en mal de vivre. » L’influenceuse et femme de Black M se confie en exclusivité pour Entrevue !

02 mai, 2024 / Jerome Goulon

Conseillère en image et maquilleuse professionnelle, Léa Djadja cartonne sur les réseaux sociaux. Plus de 420 000 abonnés la suivent sur Instagram, où elle prodigue de nombreux conseils sur la mode, le maquillage et l’art de vivre.  Autre particularité de Léa Djadja, celle d’être mariée depuis 16 ans à l’un des rappeurs les plus populaires de France, Black M, rencontré sur un tournage de Sexion d’Assaut. Mère de deux enfants, Léa Djadja concilie la vie de maman et ses différentes activités avec brio, même tout n’a pas toujours été simple pour elle. Dans une interview qu’elle a accordée à Entrevue, dans notre numéro spécial consacré aux femmes, elle livre aux autres femmes les clés de la réussite et de la confiance en soi… Retrouvez dès maintenant l’intégralité de cette interview.

Entrevue : Léa, parle-nous de la femme que tu es. Dis-nous qui est Léa Djadja !
Léa Djadja : Eh bien, je m’appelle Léa Djadja, j’ai 34 ans. Je suis entrepreneuse, créatrice de contenu, présentatrice télé, conseillère en image, maquilleuse, directrice artistique, mère de deux enfants incroyables et mariée à un homme tout aussi fabuleux ( Alpha Diallo, alias Black  M, Ndlr. )

Tu as toujours baigné dans les médias ?
Oui, je suis issue d’une famille parisienne qui travaillait dans l’audiovisuel. Ma mère était productrice et mon père réalisateur. J’ai toujours baigné dans les régies et je me suis vite rendu compte que j’avais envie d’explorer plein de choses. C’est ainsi que je suis partie sur le maquillage, clairement l’endroit où je me sentais le plus à l’aise. 

Et pourquoi le maquillage ?
Jeune, je n’avais pas vraiment confiance en moi. La coquetterie, je ne l’osais pas tout le temps, en tout cas timidement. J’aimais l’idée que le maquillage soit un endroit qui cultive cela, j’aimais le fait que ce soit un espace destiné à aider les autres afin qu’ils se sentent forts. Alors j’y suis allée et je me suis formée jusqu’à devenir maquilleuse. J’ai un parcours assez atypique, je n’ai pas eu une scolarité normale et je n’en étais pas forcément fière. Mais à présent, je suis fière de tout ce que j’ai pu vivre et apprendre, fière de là où j’en suis arrivée. Je pense sincèrement que chacun doit suivre le chemin qui lui est destiné même s’il semble sortir des sentiers communs.

Tu as sorti un livre « Apprendre à s’aimer en 365 jours », aux éditions Marabout. Qu’est-ce qui t’a motivée à l’écrire ?
À 22 ans, j’ai accouché prématurément de mon premier enfant, Isaac, à six mois de grossesse. Il est resté pendant quatre mois à l’hôpital. À ce moment-là, j’avais tout abandonné. Ma vie se résumait à des allers-retours entre l’hôpital et la maison. En sortant de ces quatre mois, un jour, je me suis regardée dans un miroir et je me suis dit : « Vas-y, reprends-toi en mains. Tu ne vois plus ton mec, tu es amorphe, réveille-toi ! » Je me suis alors demandé ce que je pouvais faire pour me sentir mieux et le développement personnel m’a permis de m’éveiller. J’ai pris conscience que je pouvais devenir ce que je méritais d’être. C’est difficile à comprendre quand on est si jeune, je sortais à peine de l’adolescence et je rentrais dans un monde d’adulte avec en tête toutes sortes d’idées préconçues. 

Tu fais de touchantes confessions dans ton livre. Tu y partages ton intime familiale ainsi que ton chemin de femme. C’est assez rare de t’entendre parler de tout cela…
Oui, même si je suis très présente sur les réseaux, ce sont des choses que je n’avais jamais vraiment évoquées. Dans la vie, j’aime la légèreté, j’aime faire rire au plus haut point, mais c’est vrai que j’ai traversé beaucoup de choses, et ça m’a semblé important de les partager afin d’aider les autres à caresser l’amour de soi. À la base, cet agenda, je l’avais fait pour moi à un moment où je n’arrivais plus à reprendre force. Je me disais qu’il fallait que je m’impose des règles afin de trouver un équilibre. Et ça a fonctionné. Mon expérience dans Incroyables transformations sur M6 m’a également permis de rencontrer beaucoup de gens qui s’étaient eux-mêmes abandonnés. 

Tu as commencé à travailler très jeune, à 19 ans. Raconte-nous comment tu es devenue la working girl que l’on connaît…
Je suis une personne très émotive, et tout au long de ma carrière, cette partie de moi a été un réel moteur. Je me suis aussi toujours remise en question pour devenir chaque jour une meilleure personne. Tout ce que j’ai vécu m’a permis d’apprendre ce que je voulais et ce que je ne voulais pas, ainsi, je n’ai jamais eu aucun regret. La vie est faite de choses positives et d’autres qui le sont moins. Tu sais, j’ai fait des tournages, c’était des tunnels où je ne voyais pas le jour, ni mes enfants, ni mon mari. Mais il fallait que je les vive pleinement pour en sortir grandie. Ce qui est bien avec mon mari, là où l’on se retrouve, c’est que lorsque l’on doit vivre des moments de ce genre, on les vit à fond et l’on s’encourage mutuellement.

Quels ont été les moments les plus marquants de ta carrière ?
Le premier, c’est la signature avec mon agent, une amie très chère qui n’était pas du tout dans le métier avant ça. Lorsque j’ai signé avec M6, je n’avais pas l’aspiration à devenir animatrice TV. J’avais, par choix, commencé mon métier en tant que maquilleuse, un métier où l’on te demande d’être discrète, dans l’ombre, de ne pas parler fort. Là, tout à coup, on me demandait tout le contraire. J’étais complètement perdue, et cette amie en qui j’ai une confiance totale m’a prise en main. Cette année-là, elle m’a aidée sur un premier contrat puis sur un premier rendez-vous, etc. L’été qui a suivi, nous étions en vacances, je lui ai demandé officiellement si elle voulait devenir mon agent. Chaque fin de tournage a aussi marqué mon cœur et mon esprit. De beaux discours, beaucoup d’amour, beaucoup de larmes aussi, des moments forts en émotions qui ont été plus que précieux. Alors que j’avais toujours été amenée à cacher ce que je ressentais, là, tout à coup, on me demandait de chialer parce que c’est un endroit où l’on peut se le permettre. Je m’y suis vraiment épanouie.

Avec Alpha, alias Black M, vous vous êtes rencontrés très jeunes, mariés aussitôt, avez été parents dans la foulée… Ton parcours est un témoignage rempli d’espoir pour toutes les femmes qui cherchent à s’épanouir…
Comme je te le disais tout à l’heure, à 22 ans, je sortais à peine de l’adolescence, et c’est certain qu’au regard de notre vie de famille un peu particulière, il n’était pas évident de gérer tout cela. Je me réjouis d’avoir su prendre du temps pour savoir qui j’étais et qui je voulais devenir. C’est ce que je souhaite à toutes les femmes, et c’est entre autres pour cela que ce livre est né. J’ai toujours voulu faire beaucoup de choses et je cherche constamment à explorer ma pluralité. Je pense que c’est une des clés qui nous permet d’aller plus loin chaque jour ; ne pas se soucier du jugement d’autrui pour chercher à devenir ce que nous devons devenir.

Dans l’une des confessions de ton livre, tu parles de ton travail d’influenceuse et de l’exigence que tu y accordes. C’est important pour toi de sensibiliser les gens à ce sujet ?
Je n’aime pas vraiment le terme  « influenceuse » et préfère me dire « créatrice de contenu » ou au mieux, « inspiratrice ». J’aime faire rire et divertir, pour autant, il important pour moi de présenter du contenu de qualité. Il est vrai que j’ai des exigences élevées et je cherche à m’y tenir, notamment pour les gens qui me suivent et qui attendent de moi de la justesse, de la sincérité et du professionnalisme. Il y a quelques semaines, j‘ai tourné une vidéo destinée aux collèges et associations. L’idée de ce projet est justement de sensibiliser les jeunes sur le métier de « l’influence ». Ça traite du harcèlement, du travail d’influenceur en soi et de la sécurité qu’il y a autour. Ce métier compte beaucoup d’avantages, mais aussi beaucoup d’inconvénients. Nous avons une vraie responsabilité vis-à-vis de la jeunesse et nous nous devons de l’avertir de la réalité de ce travail. C’est un métier à temps plein qui demande énormément d’exigences et il faut faire en sorte de ne pas le laisser envahir notre vie privée, surtout quand tout se fait à la maison.

Ça fait 16 ans que vous êtes mariés, Black M et toi, avec des noces de saphir en vue. C’est rare, une telle longévité, pour une star du rap telle que lui…
Waouh, saphir, c’est chic ! Tu sais, avec Alpha, on ne compte pas les ans. Une chose est sûre, c’est que chaque année, on regarde le temps qui est passé et on se dit qu’on a bien fait d’écouter notre instinct et d’y croire dès le premier jour. On n’a eu plein de « down » et plein de « up », et on sait qu’il y en aura d’autres. On est une équipe, avec l’amour éternel. On s’est toujours adaptés l’un pour l’autre et l’on continuera à le faire. Cette dernière année de mariage a été pour nous l’une des plus belles et celle qui suivra le sera certainement plus encore. 

Léa Djadja, quelle mère es-tu ?
Je suis mère de deux superbes enfants de 11 et 3  ans. Quand mon fils est arrivé, j’ai dû me responsabiliser très vite et très jeune à tout un tas de choses. Ça a été une confrontation à la maternité assez brutale et difficile, mais qui m’a renforcée et rendue plus forte que jamais. Devenir mère m’a permis de comprendre plus encore qui j’étais et ce que j’étais en capacité de devenir. 

Le maquillage est ton art premier. Quel est ton rapport avec lui aujourd’hui ?
J’ai un rapport très pédagogique au maquillage. Quand j’étais jeune, j’étais une nana complexée qui s’est rendu compte que, lorsqu’elle mettait un peu plus d’eyeliner, son regard était un peu plus perçant, plus charmant et que ça lui permettrait, grâce à quelque chose d’aussi simple que ça, d’oser aller de l’avant. Le maquillage embrasse l’estime que l’on peut avoir de nous-mêmes, encore une fois, une clé des plus simples pour pouvoir avancer et se sentir mieux. Ça peut sembler être un sujet un peu superficiel, mais ça m’a permis de pousser des leviers qui m’ont amenée à avancer dans ma vie. Cette manière pédagogique d’aborder le maquillage, maintenant, je la transmets avec simplicité. Depuis peu de temps, c’est une chose nouvelle pour moi et que je fais de manière caritative, je me rends dans des associations et des EHPAD, où j’ai créé des cours  d’auto-maquillage. 

Des EHPAD ?
Oui ! Le but est de permettre à des femmes un peu plus matures de se sentir revalorisées. Pour les associations, ça permet d’apprendre à d’autres femmes bien plus jeunes et plus vulnérables que le maquillage n’est pas une affaire de « pute », mais bien un outil pour se sentir plus forte. C’est important pour moi de mettre mon savoir-faire au service de celles qui en ont le plus besoin. Le maquillage peut sauver à sa manière des êtres humains et des femmes en mal de vivre.

Pour finir, quels sont tes projets ?
En ce moment, je suis dans le soutien des projets de mon mari. Le 19 avril, il y a les dix ans de Sur ma route, puis il y a sa participation dans Danse avec les stars. Aussi, je poursuis la création de contenu sous le nom de @lianeanea, où je partage professionnellement mon quotidien. Je partage énormément de choses, des conseils, de la drôlerie, tout en cherchant constamment à collaborer avec des marques éthiques et responsables. Aussi, le métier d’animatrice m’a révélée et j’aspire à développer cela, comme ont su le faire Karine Le Marchand ou Faustine Bollaert, qui sont la preuve que l’on peut mêler entertainment, émotions, empathie et compassion. Elles m’inspirent toutes les deux énormément et j’espère bien pouvoir mener un de ces jours aussi une émission qui mêlera tout ça. Qui vivra verra et je compte bien vivre !

Propos recueillis par Gabriel Dallen