Le Kebab, l’arme anti-inflation de l’extrême gauche allemande

09 mai, 2024 / Radouan Kourak

La flambée des prix du kebab en Allemagne suscite un débat animé au sein de la société et de la classe politique. Ce sandwich d’origine turque, devenu un incontournable de la gastronomie allemande, est désormais au cœur d’une controverse économique et sociale. Autrefois considéré comme un repas abordable et accessible à tous, le döner voit ses prix augmenter de façon spectaculaire ces dernières années, passant d’une moyenne de 3,50€ à jusqu’à 10€ dans certaines villes du pays. Cette inflation galopante est alimentée par divers facteurs, notamment la hausse des loyers, des coûts des matières premières et de l’énergie.

NDLR : Si le kebab occupe une place particulière et si importante en Allemagne c’est justement parce qu’il trouve ses racines dans les années 1970 à Berlin, où un immigrant turc du nom de Kadir Nordmann en a eu l’idée. Il a révolutionné la gastronomie en assemblant du pain, des légumes et de la viande grillée pour créer ce délice apprécié dans le monde entier. Le nom « kebab » découle de la méthode de cuisson turque appelée « kepa ». Cette invention culinaire est devenue un symbole de l’immigration turque en Allemagne et a depuis conquis les papilles du monde entier.

Face à cette situation, le parti d’extrême gauche allemand «Die Linke» propose une mesure radicale pour contrer cette tendance inquiétante : plafonner le prix du döner à 4,90€, voire à 2,90€ pour les étudiants. Cette proposition, présentée dans un document consulté par plusieurs médias allemands, vise à garantir l’accessibilité de ce plat emblématique et à lutter contre la précarité alimentaire. Pour financer cette initiative, «Die Linke» estime qu’elle coûterait près de 4 milliards d’euros à l’État fédéral, les coûts supplémentaires devant être pris en charge par les finances publiques.

Outre le plafonnement des prix, le parti envisage également la mise en place d’un bon d’achat hebdomadaire permettant l’achat d’un döner à 5€, avec le remboursement du surplus par l’État. Cette proposition a suscité des réactions mitigées au sein de la classe politique et de la société allemande. Si certains soutiennent l’idée comme un moyen de protéger le pouvoir d’achat des citoyens les plus vulnérables, d’autres expriment des réserves quant à son efficacité dans une économie de marché fondée sur la libre concurrence.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a déjà exclu tout plafonnement des prix, soulignant l’impossibilité de contrôler les prix des produits alimentaires dans un système économique basé sur la concurrence. Cependant, la question demeure au cœur des préoccupations des citoyens allemands, avec des jeunes militants appelant à une intervention de l’État pour maintenir des prix abordables.

Ce débat soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre la protection du pouvoir d’achat et le respect des mécanismes du marché, illustrant les tensions entre les objectifs économiques et sociaux dans une société en pleine évolution.