Indochine : les propos choquants et très violents d’un ex-membre du groupe, qui se dit prêt à « mettre une balle » à Nicola Sirkis…

08 novembre, 2022 / Jerome Goulon

« S’il va trop loin, il sait que moi, je ne vais pas prendre un avocat, je vais prendre le 6,35 et je vais lui en mettre une dans la tête ! »

Depuis 40 ans, Indochine fait vibrer des millions de Français. Le 23 novembre prochain, sortira d’ailleurs le film Indochine Central Tour pour célébrer l’immense carrière du groupe. Si le succès est au rendez-vous depuis plusieurs décennies, les relations entre les membres d’Indochine n’ont pas toujours été au beau fixe, voire chaotiques.

Ce mois-ci, l’auteur et biographe Sébastien Bataille publie un livre, Chaos Bang !, chez Amazon, dans lequel il révèles les échanges qu’il a eus avec Dominique Nicolas, cofondateur d’Indochine avec Nicola Sirkis et ancien guitariste-compositeur du groupe. Des échanges particulièrement violents qu’il a décidé de rendre public. En voici quelques extraits…

Entrevue : Vous publiez un livre sur Indochine. Parlez-nous de cet ouvrage…


Sébastien Bataille : Il s’agit d’un ouvrage en forme de bilan de 20 ans d’écriture biographique. Indochine y tient une grande place. J’avais préparé ce livre avec Dominique Nicolas, cofondateur d’Indochine avec Nicola Sirkis et guitariste-compositeur de tous leurs tubes des années 1980, comme L’Aventurier, Kao Bang, Miss Paramount, 3ème Sexe, Canary Bay ou encore Trois nuits par semaine… Nous avons eu de très nombreux échanges dans lesquels il me parle d’Indochine et de Nicolas Sirkis, parfois en des termes très violents. Mais j’ai dû finir ce projet tout seul.

Pour quelle raison ?
En 2021, nous avions signé un contrat chez Flammarion. Quand nous avons envoyé les 50 premières pages à l’éditeur, celui-ci s’est étonné : Flammarion voulait un livre écrit en «Je», à la première personne du singulier, comme une autobiographie, alors qu’il n’en avait jamais été question auparavant.

De là sont nées des dissensions. Après avoir renoncé à poursuivre l’aventure dans un premier temps, Dominique Nicolas, trop heureux finalement d’être signé chez Flammarion, m’a annoncé en mars dernier qu’il était OK pour poursuivre, mais sans moi… Bien entendu, j’ai vécu cela comme une trahison. Il m’a laissé en plan avec des heures d’enregistrements de nos discussions sur les bras. J’ai donc décidé de publier mon livre tout seul, chez Amazon.

Durant vos échanges, que vous rendez public dans votre livre, Dominique Nicolas a eu des mots très violents sur Nicola Sirkis. Pouvez-vous nous donner un aperçu de ces propos ?


Les propos de Dominique Nicolas sur Nicolas Sirkis sont en effet parfois très violents et très choquants. Il m’a dit notamment : «Si Nicola me fait chier, je prends ma voiture et je vais lui mettre une grosse tête. J’ai son adresse et il sait que je suis capable sur un coup de tête de faire des gros délires…» Il ajoute : «C’est plus fort que lui, Nicola Sirkis continue à dire des conneries sur moi, mais pas trop parce que s’il va trop loin, il sait que moi, je ne vais pas prendre un avocat, je vais prendre le 6,35 et je vais lui en mettre une dans la tête !» Ça fait froid dans le dos.

Sur le coup, je n’ai pas compris ce qu’il disait. C’est en réécoutant la bande que cela m’a glacé le sang, d’autant qu’il a dit ça le plus sérieusement du monde, sans prendre le ton de l’humour. 

Ces propos vous ont-ils surpris ?
Oui, car derrière son image de musicien timide et discret, le personnage cache une nature assez trouble, à en croire ce genre de propos. 

Dominique Nicolas vous a également dit que Nicola Sirkis était parfois comparé à Hitler à cause de son comportement. Ce n’est pas exagéré et déplacé ?
Dominique m’a en effet rapporté des propos qui auraient été tenus par un roadie sur une tournée, selon lesquels : « Nicola était surnommé Hitler et la manageuse Eva Braun ». Bien sûr que la comparaison est déplacée. Les leaders sont souvent considérés comme des dictateurs, surtout dans le show-biz français, d’où ce genre de raccourci très limite.

Nicola Sirkis peut déplaire car il est très exigeant et obtient des choses qui dérangent certains dans le milieu (prix bas des places de concerts, tournées innovantes et coûteuses, etc.). De là à le surnommer Hitler…, c’est ridicule.

Pensez-vous qu’il puisse y avoir de l’aigreur ou de la jalousie de la part de Dominique Nicolas ?
Dominique Nicolas reproche à Nicola Sirkis d’être parano et obsédé par lui. Mais quand je l’écoute, je me demande lequel des deux est le plus parano et le plus obsédé par l’autre… Il accuse Sirkis d’être devenu une sorte de leader maximo qui réécrit l’histoire d’Indochine, mais en réalité je pense qu’il ne supporte pas que le chanteur ait pu avoir du succès sans lui. Alors aigreur ou jalousie ? Les deux sûrement…

Les relations tendues entre les membres d’Indochine, n’est-ce pas le reflet de ce qui se passe dans beaucoup de groupes ?
Les groupes s’écharpent toujours pour des histoires de fric ou d’ego. On l’a vu avec les Beatles, Oasis, les Smiths ou encore Téléphone en France. Indochine ne fait pas exception à la règle, en effet. Même si le groupe perdure brillamment aujourd’hui, Dominique estime que derrière la façade de la formation, il ne s’agit que de Nicola Sirkis en solo, lui reprochant d’être un Michel Sardou new wave. Ou plus exactement un mélange de Michel Sardou new wave, de Bernard Tapie et de Hervé Vilard.  

Avez-vous reçu des pressions pour ne pas sortir votre livre ?
Nous n’avions pas de clause de confidentialité dans le contrat avec Flammarion. Suite à la volte-face de Dominique, j’ai indiqué à l’éditeur et à l’ex-Indochine que je reprenais ma liberté d’auteur. Dans la panique, Flammarion m’a envoyé un courrier recommandé à signer, qui n’était en fait qu’une clause de confidentialité déguisée. Bien sûr, je ne l’ai pas signé. Et aujourd’hui, je remets l’église au milieu du village avec Chaos Bang.

Quelle a été la réaction de Dominique Nicolas à la sortie de votre livre ?
Pour l’instant aucune. En cas de démenti de sa part, je rendrai publics nos échanges par e-mails et les enregistrements audio de nos conversations pour prouver ses dires. 

Et Nicola Sirkis, il a réagi ?
Je doute qu’il le fasse. Le livre de son frère Christophe Sirkis (Starmustang), à charge, l’a vacciné je pense.

Quelle opinion avez-vous de lui ?
Nicola Sirkis est le gardien de la flamme et la tête pensante d’Indochine depuis 40 ans. C’est un leader naturel, dont le charisme et la voix – malgré tout le venin répandu par ses détracteurs – ont propulsé le groupe au sommet. Il a survécu aux critiques assassines, aux modes, à la mort de son frère Stéphane, etc., et tout cela l’a renforcé. Ce qu’il y a de plus rock chez lui, c’est sa capacité de résilience.

Par ailleurs, il parraine des jeunes en souffrance (sur le plan de la santé ou des violences scolaires), ce qui est tout à son honneur. Quant à la fable du « méchant Nicola Sirkis contre le gentil Dominik Nicolas », véhiculée par certains, je n’y crois plus.

Pensez-vous que les fans d’Indochine espèrent une réconciliation ?
Les fans d’Indochine ne doivent pas s’étonner de ne pas voir Dominique sur scène lors des concerts et des tournées anniversaires, comme le Central Tour dernièrement : l’abcès entre lui et Nicola Sirkis n’est tout simplement pas crevé, près de 30 ans après le départ du guitariste-compositeur, en 1995. La dernière fois qu’ils se sont « vus », il y a quelques années, pour régler des histoires de droits, ils étaient séparés par un rideau…

Chaos Bang !, de Sébastien Bataille, disponible sur Amazon