Hommage à Larry Flynt

15 mars, 2021 / Jerome Goulon

« J’ai proposé 2 millions de dollars à Jennifer Aniston pour qu’elle pose nue. »

Le 10 février dernier, Larry Flynt, magnat du porno et fondateur de Hustler, est décédé à 78 ans. Nous l’avions interviewé deux fois, dont une fois en 2014. Il nous avait parlé notamment de sa tentative d’assassinat et de ce qu’il voulait qu’on retienne de lui… En hommage, voici l’interview.

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Jérôme Goulon : Hustler fête ses 40 ans. Des politiciens voulaient le faire interdire. Tu pensais tenir si longtemps ?
Larry Flynt : Je l’ignorais totalement. Je voulais donner aux lecteurs des choses qu’ils ne pouvaient trouver nulle part ailleurs. Et ça a été un vrai succès.

C’est vrai que tu postes ton magazine aux hommes politiques ?
Oui. Depuis 1983, j’envoie un exemplaire de Hustler à chaque membre du Congrès américain. Certains voulaient l’interdire, donc ça a été ma réponse à moi.

Il y a une fille que tu souhaiterais faire poser dans ton magazine ?
J’ai proposé 2 millions de dollars à Jennifer Aniston pour qu’elle pose nue dans le magazine Hustler. Mais elle n’a pas accepté.

Hustler est devenu très connu en 1975 en diffusant une photo de Jackie Onassis nue. Tu considères que c’est le plus gros scandale en 40 ans ?
Ça a été un très gros succès. On a vendu plus d’un million d‘exemplaires. Hustler commençait à faire parler de lui, et ce scandale a considérablement développé la notoriété du magazine.

Internet a énormément changé la donne dans ton secteur. Tu considères que cela a affecté ton business ?
On a dû s’adapter… Cela fait des années que l’on développe des sites web. Il faut savoir utiliser les nouvelles technologies et en tirer profit. Si tu ne sais pas faire ça, tu n’as pas d’avenir.

Tu te bats depuis des années pour la liberté d’expression et la liberté sexuelle. Tu penses avoir contribué à la libéralisation des esprits ?
Beaucoup de gens font des blocages. Ils ont du mal à faire face à leur sexualité et deviennent névrosés. Ils ont besoin d’aide. Donc j’aime à dire que Moïse a libéré les Juifs, Lincoln a libéré les esclaves et quant à moi, j’ai libéré les névrosés…

Quelle est ta plus grande fierté ?
Toute ma vie, j’ai combattu la censure et dénoncé l’hypocrisie des politiciens. Donc les gens se souviendront sans doute de moi comme celui qui a défendu le premier amendement aux États-Unis. Il est censé garantir la liberté d’expression et de la presse, mais si personne ne le fait valoir, alors il ne sert à rien.

Ce combat a failli te tuer. Tu as été victime d’un attentat en 1978 qui t’a coûté l’usage de tes jambes. Quel regard portes-tu sur tout ça aujourd’hui ?
Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir porté un gilet pare-balles ce jour-là. Je ne serais pas dans un fauteuil roulant aujourd’hui… Cela fait trente ans que je dois prendre des médicaments pour combattre les douleurs.

Joseph Paul Franklin, qui t’avait tiré dessus, a été exécuté en novembre 2 013. Comment tu as vécu cela ?
La peine de mort, c’est la vengeance, pas la justice. Je suis contre la peine de mort. C’est une plus grosse punition d’enfermer quelqu’un à vie que de l’exécuter.

Tu es favorable au port d’armes ?
Les Américains doivent pouvoir se défendre. Mais je pense qu’il y a trop d’armes en circulation.

Tu as ouvert un casino Hustler. Tu aimerais te développer dans ce secteur ?
Oui, le casino marche bien. Et puis, j’aime le poker. Il faut faire attention, car tu peux perdre des centaines de milliers de dollars en quelques heures…

Pour finir, saurais-tu me dire avec combien de filles tu as couché ?
Je ne connais pas le chiffre… J’ai couché avec des centaines de femmes ! (Rires ) 

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)