EXCLU – Alban Bartoli balance ses quatre vérités

30 mars, 2021 / Jerome Goulon

« Dans Les Anges, on sentait qu’il y avait la reine Nabilla et ses disciples. »

Alban Bartoli s’est fait connaître en participant à The Voice et Les Anges de la téléréalité. Le chanteur, longtemps en pause à cause de la fermeture des salles de spectacle, n’est pour autant pas resté inactif. Il vient de publier une autobiographie, La mélodie du bonhomme. À cette occasion, nous l’avons rencontré.

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Jérôme Goulon : Avant toute chose, comment as-tu vécu cette période si particulière ?
Alban Bartoli : Mon activité de chanteur s’est beaucoup ralentie à cause du Covid. Depuis mars dernier, j’ai dû avoir trois ou quatre dates alors que j’aurais dû en avoir 70. Tout a été reporté ou annulé. Je devais faire deux premières parties à l’Olympia avec Lara Fabian, mais ça a été décalé au mois de juin, si tout va bien. 

Et du coup, tu fais quoi ?
J’en ai profité pour terminer l’écriture de mon livre, le sortir, et me lancer dans une nouvelle aventure de radio, sur VL Média, en créant une émission que j’ai imaginée, Ils ont fait la Une. C’est tous les mercredis de 18h à 19h, et je fais venir des gens qui à un moment donné de leur vie ont fait la Une. On a eu plein de bons invités, comme Afida Turner, Énora Malagré, Louisy Joseph des L5, Hapsatou Sy, des Miss France… Et parallèlement à ça, j’interviens aussi sur la chaîne Non Stop People.

C’est dur de ne plus pouvoir se produire quand on aime la scène ?
Ça fait un mois ou deux que j’ai l’impression de ne plus être chanteur et de ne pas savoir de quoi va être fait demain. Ça remet beaucoup de choses en question. Depuis plusieurs années, j’avais l’habitude de vive confortablement. Donc ça fout un coup de vivre avec moins de moyens et de se demander si on va réussir à retrouver son niveau de vie. Et puis la scène me manque aussi, bien sûr ! 

Que réponds-tu à ceux qui disent que la culture pas essentielle ?
Quand on nous dit que les artistes et la culture sont non essentiels, ça me révulse ! La culture est clairement essentielle ! La santé physique est une chose, mais la mort sociale, la mort de la culture, ça peut faire énormément de dégâts !  On le voit, il y a de plus en plus de dépressions, des suicides et des choses qu’on n’aurait jamais soupçonnées. Les métros sont bondés, mais tu n’as plus le droit d’aller au cinéma ou au théâtre… Ce n’est pas normal.

Tu viens de sortir un livre, La Mélodie du Bonhomme, disponible sur Amazon. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’écrire un livre ?
J’ai lu le livre de JoeyStarr, et j’ai adoré. Ça m’a donné l’envie d’ écrire un livre pour raconter tout ce que j’ai vécu. Je me suis dit que ça pouvait faire écho à plein de gens, car il y a plusieurs thèmes qui peuvent parler à des gamins qui veulent devenir chanteurs, et qui ont une fausse image du métier. Ça peut parler à des enfants qui, comme moi, sont issus d’une famille homoparentale et n’osent pas le dire, ou sont homosexuels et n’osent pas le dire. 

Tu écris : « Ma mère accouche après sept mois de grossesse. Enceinte de quadruplés dont je suis le seul survivant. Prématuré et déjà meurtrier »… Ça t’a traumatisé ?
Quand j’avais 8 ans et que j’ai appris ça, je n’arrêtais pas de dire à ma mère que j’avais tué mes frères. J’utilisais ce mot, « meurtrie r». Après, avec les psys, on s’est rendus compte qu’il y avait une peur de l’abandon de ma part. J’ai toujours eu peur de l’abandon, qu’on me quitte, qu’on ne m’aime pas. Cette peur fait partie de mon quotidien et a peut-être été nourrie par cette naissance…

Tu révèles aussi : « J’ai 12 ans quand j’apprends que ma mère a choisi de refaire sa vie avec une femme ». Ça t’a choqué à l’époque ?
Oui, ça m’a un peu choqué. Ma marraine me l’a appris avec un manque de tact, puisqu’elle m’a dit : « Tu préfères que ta mère soit lesbienne ou malade ? » Je ne me suis pas rendu compte que ça pouvait limite être homophobe. Mais je me mets aussi à sa place, car c’était compliqué de dire ce genre de choses au début des années 2000. À l’école, j’étais le seul dans ce cas-là. Je ne voulais pas le dire, de peur que ce soit la honte. Donc je n’ai quasiment jamais invité de gens chez moi car il y avait deux femmes à la maison, et je ne savais pas comment le justifier. Évidemment, aujourd’hui, je n’ai plus du tout honte de ça ! 

L’adoption d’enfants par des familles homoparentales est un débat qui revient souvent. Certains s’y opposent. Tu le déplores ? 
Oui. Pour moi, on peut être homosexuel et avoir des enfants ! On n’est pas moins ou plus équilibré… J’ai une sœur et deux frères, qui au passage sont hétéros, et tout va bien ! Je suis donc évidemment pour l’adoption et la PMA ! J’ai d’ailleurs le désir d’avoir un enfant. J’ai en plus des  amis qui ont fait des démarches et qui ont eu des enfants, comme Christophe Beaugrand et Alex Goude, et ils sont très heureux. Ils élèvent très bien leurs enfants. Et puis avec deux papas pédés, plus d’enfants mal habillés ! ( Rires ) 

Tu dis, à propos de ton coming out public : « Je n’ai pas échappé au déferlement de haine d’un grand nombre d’ignorants, homophobes ou encore de gays refoulés pour qui tout ça sonne comme une abomination. »…
C’est le cas ! 

Encore aujourd’hui ?
Oui. Il y a deux ans, j’ai posté une photo avec mon copain actuel, Erwan, devant le Piton de la Fournaise, à la Réunion.  Et j’ai reçu des centaines de commentaires homophobes, du genre : « Vous devriez vous jeter dans la lave », « c’est une abomination », « fils de pute de gay, je vais te niquer ta race », « tu vas aller à l’enfer »… Et de temps en temps, je continue de recevoir un « sale pédé! »… Mais ça me glisse dessus. Ça ne me touche plus.

Ça ne doit quand même être pas très agréable…
Ce qui m’a choqué le plus en fait, c’est que ces commentaires viennent de gens qui n’ont même pas 18 ans. C’est la nouvelle génération, qui va devenir adulte, qui va élever des enfants. Je me dis que j’espère que ce n’est qu’un phénomène de mode et qu’ils vont se raisonner. Et surtout, ça veut dire que s’ils disent ça, c’est qu’ils entendent ça chez eux. Il y a donc encore du taf !

Tu t’es fait connaître en participant à The Voice et Les Anges de la téléréalité, avec qui tu n’es pas tendre…
Oui, je dis en effet qu’en passant de The Voice aux Anges, je suis passé de la classe au racolage, de la Rolls Royce au chameau… Ça c’est mon sens de la formulation ! En même temps, elle veut tout dire cette phrase. Quand je suis sorti de The Voice, tout le monde disait que ce programme était incroyable. C’était la première saison, le nouveau truc à la mode pas trop critiqué par la profession, car c’était la première fois dans un télé-crochet qu’on voyait autant de gens chanter aussi bien. The Voice, c’était très qualitatif, alors qu’à la Star Academy, il y  avait toujours deux ou trois guignols… 

Mais Les Anges t’ont quand même apporté…
Oui, quand tu intègres Les Anges, tu perds des gens, mais tu gagnes un autre public… Le jeu, c’est de l’accepter. À l’époque, Les Anges cartonnaient. Donc ça donne une grosse notoriété, même si le public est beaucoup moins classe…

Dans Les Anges, tu étais avec Nabilla, qui a cartonné. Mais tu n’es pas tendre avec elle…
Oui. J’écris que dans Les Anges, Il y avait la reine Nabilla et ses disciples !  Mais ça ne venait pas d’elle. Ça venait de l’écriture de l’émission. Par exemple, pour son anniversaire, elle a eu une grosse embrouille avec une fille dans la rue, en compagnie d’Ayem. Normalement, après cette altercation, elle aurait dû être virée du programme. Alors pour préciser, je suis content qu’elle n’ait pas été virée du programme, car c’est une fille que j’adorais et on s’entendait super bien. Mais il y avait une différence de traitement. Nous, quand on enlevait notre micro cinq minutes, on se faisait incendier ! Elle, elle se bat avec quelqu’un dans la rue, et elle est protégée… 

Les autres candidats se sont plaints de cette différence de traitement ?
On a eu une réunion le lendemain avec la production, Nabilla n’en menait pas large, mais elle a quand même été réintégrée. On voyait bien qu’elle était intouchable. La production comptait sur elle. C’est elle qui avait le plus de fans, qui apportait le plus d’audience, et donc le plus d’argent… Mais il y avait cette différence. Elle a fait plus de voyages que d’autres, ils ont fait venir Kim Kardashian pour elle. Donc dans Les Anges, on sentait qu’il y avait la reine Nabilla et ses disciples. Quand je dis ça, ce n’est pas péjoratif, c’est pour imager le truc et montrer qu’elle était sur un certain piédestal.

À propos de Kim Kardashian, tu l’a côtoyée de près… 
Oui, je pourrai me vanter à vie d’avoir eu le postérieur si célèbre de Kim Kardashian dans mon lit ! D’ailleurs, Kim Kardashian, c’est le dernier postérieur de fille que j’ai eu dans mon lit ! ( Rires ) La production voulait nous faire une surprise pour l’anniversaire de Nabilla. Elle est venue dans la maison, on a fait des photos. Et à un moment, je lui ai fait visiter la maison, je lui ai montré mon lit. Elle s’est assise dessus, on s’est pris dans les bras en mode « Je suis au lit avec Kim ». Donc c’était très rigolo. C’est un bon souvenir. Elle est venue nous parler de tout ce qui était en rapport avec la notoriété, la télévision, le travail, les médias. Elle nous a parlé de son expérience. C’était très sympa…

On t’a recontacté pour refaire Les Anges ?
Je l’ai refait la saison 9 en tant que guest, car les candidats enregistraient l’hymne des Anges et ils avaient besoin de moi pour les coacher en studio. Donc j’y suis allé une semaine. Je t’avoue que je l’ai fait pour payer mes impôts. J’étais content de retrouver une partie de l’équipe, mais malheureusement, je n’ai pas retrouvé l’ambiance d’avant. Ça n’avait rien à voir. La téléréalité a changé, les candidats sont devenus ultra-profesionnels, et ça m’a gonflé. Au bout de trois jours, j’avais envie de partir… 

La téléréalité est devenu trop superficielle et fausse ?
La téléréalité, c’est devenu catastrophique ! À l’époque, ça ne volait pas hyper haut, mais il y avait ce sentiment de «feel good», d’une bande de potes qui partent en vacances comme Hélène et les Garçons, en un peu plus moderne et plus trash. Mais aujourd’hui, ils savent exactement ce qu’ils doivent dire, ce qu’ils doivent faire. Ils savent exactement qui va rentrer dans la maison avant les autres, etc… Ils ont tous les réseaux sociaux, les téléphones, qu’ils arrivent à cacher… Ils savent très bien qu’à partir d’un certain nombre d’abonnés, ils vont pouvoir s’inscrire chez Shauna Events pour faire des placements de produits… À l’époque, je ne savais même pas comment j’allais gagner ma vie. On ne savait pas ce qui nous attendait, on y allait pour vivre quelque chose.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?
Aujourd’hui, pour les téléspectateurs, c’est hyper désagréable. On voit les candidats, dans le confessionnal, parler d’une manière robotique, alors qu’en vrai, ils ne parlent pas du tout comme ça. C’est devenu des animateurs. C’est pour ça que ça marche moins bien. La dernière saison, le premier épisode, ils ont fait 53 000 téléspectateurs… Nous, le premier épisode de notre saison, on avait fait 1,3 million… Tu imagines ? Les gens se lassent, ils en ont marre. Les Marseillais mâchent mieux car ils sont plus spontanés et font rire les gens. Et c’est ce dont les gens ont besoin en ce moment. Il ne faut pas se prendre au sérieux.

Qu’as-tu pensé de la polémique autour de la nouvelle saison des Anges, avec la baston qui a contraint la production à annuler le tournage à la Réunion ?
À la base, j’étais parti pour défendre les Réunionnais, car je connais un peu le caractère de Nehuda et Ricardo, qui est assez cinglant. Mais en fait, après avoir écouté le témoignage de Nehuda et de son meilleur ami, ça m’a rappelé à l’époque où les gens te prenaient en photo sans te demander en étant parfois agressifs. Et bien je penche plus pour Nehuda et Ricardo…

Pourquoi ?
Quand j’étais dans Les Anges, c’est arrivé un milliard de fois qu’on nous prenne en photo sans notre autorisation. Et si jamais tu as le malheur de dire qu’il ne faut pas la diffuser, car on est en tournage et que c’est confidentiel, on t’insulte, on te dit : « Mais arrête de te prendre pour une star ! Mais t’es qui ? » Des trucs hyper agressifs alors qu’on n’a rien demandé à la base. Donc le maire a peut-être été un peu violent dans ses propos, et comme Ricardo et Nehuda ont un caractère de feu, c’est parti en couille. Apparemment, tous les Réunionnais sont venus sur Ricardo, ils lui ont cassé une chaise sur le dos, etc. Donc quoiqu’il arrive, l’issue, c’est la violence. Donc je crois Nehuda et Ricardo. Et puis, il faut dire aussi que c’est beaucoup plus facile de taper sur Les Anges de la téléréalité que de taper sur le maire d’un patelin à la Réunion… Demain, je me bats contre Ricardo, on va forcément dire que Ricardo est en tort car il a une moins bonne image que la mienne… Il faut se contrôler quand on est un personnage public, mais ce n’est pas parce qu’on fait de la télé et des programmes racoleurs  qu’on doit nous manquer de respect. Ça reste des êtres humains  à la base…

Pour finir, que peut-on te souhaiter pour 2021?
Dès que ce sera possible, remonter sur scène…  

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)