Européennes : Pro-Hamas, anti-LGBT… Qu’est-ce que la liste « Free Palestine Party » ?

25 mai, 2024 / Radouan Kourak

ENQUÊTE – L’Union des démocrates musulmans Français est officiellement candidate aux élections européennes sous la bannière de la coalition « Free Palestine Party », quelles sont les véritables intentions de ce mouvement français ouvertement pro-Hamas ?

L’Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF) a annoncé sa participation aux élections européennes de juin prochain sous la bannière de la coalition « Free Palestine party ». Cette initiative regroupe des partis européens partageant « une éthique musulmane commune », mais suscite d’importantes controverses en raison de ses positions radicales et de ses alliances douteuses.

Des liens troublants et des accusations de communautarisme

Fondée en 2012, l’UDMF se réclame de l’anti-impérialisme, de l’antisionisme et de l’anticolonialisme. Son président et fondateur, Nagib Azergui, tête de liste pour les élections européennes, est un personnage atypique de la scène politique française. Informaticien de profession, âgé de 49 ans, il est originaire de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. En 2012, lorsqu’il fonde son parti, Azergui n’a aucune expérience politique préalable. Cependant, malgré son inexpérience, il est convaincu de la nécessité pour les musulmans français de s’organiser politiquement pour aborder les questions liées à l’islam.

Les liens de l’UDMF avec des organisations controversées, telles que la très sulfureuse BarakaCity, sont particulièrement préoccupants. En 2020, Nagib Azergui a dénoncé la dissolution de BarakaCity par le ministère de l’Intérieur. Pour rappel, le président de BarakaCity s’était réjoui de la mort des journalistes lors de l’attentat contre Charlie Hebdo et avait été condamné pour cyberharcèlement. L’association était accusée de propager des idées prônant l’islamisme radical.

Un programme radical et des propositions contestées

Le programme de la coalition « Free Palestine » inclut des propositions radicales, notamment un appel à retirer le Hamas, le Djihad islamique et le Front Populaire de Libération de la Palestine de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne. Cette position est assumée par le parti, alors même que ces groupes sont largement reconnus pour leurs actes de terrorisme.

Le logo de la coalition « Free Palestine » représente le territoire palestinien recouvrant tout Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie, symbolisant la disparition de l’État hébreu. Cette représentation a été critiquée pour son implication évidente dans la non-reconnaissance de l’État d’Israël.

Une opposition aux droits LGBT et des déclarations Polémiques

L’UDMF a également montré une hostilité ouverte envers les droits des personnes LGBT. En réponse à une vidéo de Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, appelant à manifester contre la transphobie, le compte officiel de l’UDMF a tweeté : « Musulmans, avez-vous vraiment envie de voter pour ça ? #LGBT #ManonAubry #UDMF ». Ce message démontre clairement l’opposition du parti aux droits LGBT et à l’inclusion des personnes transgenres.

Amis ou ennemis de la France Insoumise ?

Face à une concurrence acharnée, notamment de La France Insoumise qui a capté 69% du vote musulman lors des dernières élections présidentielles avec Jean-Luc Mélenchon, l’UDMF cherche à se démarquer par une campagne de terrain. Le parti prévoit de compenser son manque de moyens financiers par une tournée en bus dans les quartiers populaires de Strasbourg à l’Île-de-France.

Au-delà des élections européennes, l’UDMF se projette vers les municipales de 2026, où elle compte se présenter dans trois villes. Cependant, les ambitions de l’UDMF sont mises en perspective par les résultats médiocres des élections européennes de 2019, où le parti avait recueilli moins de 29 000 voix, soit 0,13 % des suffrages. Selon un récent sondage IFOP, la liste « Free Palestine » est créditée d’environ 0,5 % des voix pour les élections du 9 juin.

Ce « petit score » pourrait avoir des conséquences et des raisons d’inquiéter LFI. L’Union des Démocrates Musulmans Français a réalisé des scores significatifs dans certaines communes et quartiers à forte population musulmane. Par exemple, lors du scrutin de 2019, le parti a recueilli 17 % des voix au Val Fourré, 7,43 % à Garges-lès-Gonesse, 7 % à Montereau-Fault-Yonne, 6 % à La Courneuve et à Chanteloup-les-Vignes. À Garges-lès-Gonesse, il a terminé en quatrième position, devant la liste de Benoît Hamon. À Trappes, il a dépassé la liste des Républicains menée par François-Xavier Bellamy. À Mantes-la-Jolie, l’UDMF a fait presque jeu égal avec La France Insoumise. Dans ces élections européennes où chaque point compte, 0,5 % pour l’UDMF peut priver les insoumis d’un siège supplémentaire au parlement européen. L’UDMF reste dans les sondages néanmoins loin des 5 % nécessaires à l’élection d’eurodéputés.

La participation de l’UDMF aux élections européennes sous la banière « Free Palestine Party » est marquée par des positions radicales et des alliances controversées. Les liens avec des organisations prônant l’islam radical, l’opposition aux droits LGBT et les propositions extrêmes sur le conflit israélo-palestinien suscitent des critiques et soulèvent des questions sur les véritables intentions du parti.