Deux ONG portent plainte contre Fabrice Leggeri pour complicité de crimes contre l’humanité 

23 avril, 2024 / Radouan Kourak

La Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’association d’aide aux migrants Utopia 56 ont pris une initiative audacieuse en déposant une plainte mardi dernier pour complicité de crimes contre l’humanité et de torture. La cible de cette action juridique est Fabrice Leggeri, numéro 3 du Rassemblement National aux élections européennes et ancien directeur de Frontex, l’agence de l’UE chargée des frontières.

Cette plainte, déposée devant le tribunal judiciaire de Paris, accuse l’agence de l’UE du contrôle des frontières d’avoir joué un rôle central dans la commission de crimes contre l’humanité en Méditerranée, sous la direction de M. Leggeri. Selon les ONG, cette région est devenue la route migratoire la plus meurtrière au monde.

Les plaignants affirment que Fabrice Leggeri, en tant que directeur de Frontex de 2015 à 2022, a permis la perpétuation de ces crimes, dont il aurait eu connaissance. Ils soulignent que l’agence, sous sa direction, a adopté une politique visant à entraver l’entrée des migrants dans l’UE, sans égard pour le coût humain de ces mesures.

Interrogé par Le Monde et franceinfo, Fabrice Leggeri a rejeté ces accusations, les qualifiant d’incorrectes et de manœuvres politiques visant à discréditer la liste du Rassemblement national (RN). Face à ces allégations, le RN a exprimé son soutien à son candidat, dénonçant les ONG comme des partisans de la submersion migratoire et complices des passeurs.

À l’approche des élections européennes, le contrôle des frontières de l’UE et la question migratoire se dressent comme des piliers centraux du débat politique. Alors que certains candidats mettent en avant la préservation de l’intégrité des frontières européennes pour assurer la sécurité et la stabilité de l’UE, d’autres insistent sur la nécessité de défendre les droits fondamentaux des migrants en détresse en Méditerranée. Cette dichotomie reflète les divergences au sein de l’Union européenne entre ceux qui privilégient la souveraineté nationale en matière d’immigration et ceux qui appellent à une approche plus solidaire et humanitaire.

La crise migratoire de 2015 a exacerbé ces tensions, mettant en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre la sécurisation des frontières et le respect des valeurs européennes de solidarité et de droits de l’homme. Dans ce contexte, l’issue des élections européennes pourrait façonner l’avenir de la politique migratoire de l’UE et déterminer si elle sera marquée par la coopération ou la division entre les États membres.