David Beckham : « J’ai souffert de dépression, mais je ne le disais pas. »

07 février, 2024 / Jerome Goulon

C’est l’un des visages les plus connus au monde, un homme qui a changé le football. Mais dans quelle mesure connaissons-nous vraiment David Beckham?  Alors qu’un nouveau documentaire sur sa vie est actuellement disponible sur Netflix, la star revient sur sa carrière, ses hauts, ses bas, sa famille, son mariage et ses nouvelles occupations. En toute simplicité et en toute humilité… 

Avec le documentaire Netflix qui t’est consacré, tu as vu ta vie défiler sous tes yeux. Tu étais content du résultat ?
David Beckham : J’avais besoin d’un deuxième avis. Victoria et moi sommes ensemble depuis 26 ans, et je fais plus confiance à son opinion qu’à celle de quiconque. En regardant le documentaire, on s’est dit : « Oh mon Dieu, on a fait vraiment beaucoup de choses dans notre vie ! » 

Avec des hauts et des bas…
Oui, nous avons connu de vraies montagnes russes ! 

Vous formez un beau couple…
Oui, nous sommes vraiment mignons ensemble ! ( Rires ) 

C’est vrai que le tournage a été retardé à cause de tes cheveux qui étaient trop courts ?
( Rires ) Oui, J’en avais encore marre de mes cheveux, alors je les avais coupés. On a dû attendre qu’ils repoussent pour tourner…

En tout cas, il y a quelque chose qui ne change pas depuis la fin de ta carrière, c’est ton physique. Tu t’entretiens ?
Oui. Maintenant, je fais de la musculation. Je ne fais plus beaucoup de course à pied, même si j’aime ça…

Beaucoup de footballeurs prennent beaucoup de poids après leur carrière. Ce n’est pas vraiment ton cas…
Oui, le poids est très important à mon âge, je le sais. Et je suis en meilleure forme en soulevant des poids tous les jours plutôt qu’en allant courir, c’est assez drôle…

À propos de physique, parle-nous de ton nouveau tatouage…
J’ai fait tatouer le mot « Posh » ( surnom de sa femme, Ndlr. ) sur le majeur de ma main gauche. C’est mon fils, Cruz, qui m’a donné l’idée, car il a fait tatouer « Posh » sur son bras. Et là, je me suis dit : « Mais pourquoi je n’ai jamais fait ça? »

Tu as construit un véritable empire. Après avoir été joueur, tu es aujourd’hui dirigeant d’entreprises et tu possèdes le club de foot de Miami. La retraite, ce n’est pas pour toi…
Oui. Je savais que je devais me lancer dans autre chose juste après ma retraite de joueur, et je l’ai fait. C’est pour ça que j’ai sauté à Miami ! J’ai toujours été comme ça, j’aime passer à autre chose tout de suite.

Posséder un club de foot, tu y pensais déjà quand tu étais joueur ?
En fait, j’ai toujours fait les choses à l’instinct, sans trop réfléchir. Il y a quelques années, je me disais : « Dans 10 ans, j’aurai mon propre club de foot et je signerai Lionel Messi ! » Et voilà, c’est fait. Heureusement, toutes les décisions que j’ai prises quand j’étais plus jeune ont fonctionné.

Tu as eu très tôt le sens des affaires. Et la marque « Beckham » est très puissante…
En vrai, je ne pensais pas que j’étais intelligent. ( Rires )  J’étais juste moi-même… Je n’ai jamais pensé à moi comme étant une marque. D’ailleurs, je n’aime pas l’expression « marque Beckham ». 

Et tu n’aimes pas vraiment parler de toi…
Pas forcément. Durant toute ma carrière, j’ai toujours eu pour habitude de ne jamais me plaindre ni jamais me justifier par rapport à ce qu’on disait sur moi.

Et comment as-tu géré les 14 heures d’interviews pour le documentaire Netflix ?
Toutes les semaines, je regardais mon emploi du temps pour savoir quand j’allais être interviewé. Et quand je voyais : « Interview avec Fisher ( le réalisateur, Ndlr. ) : 5 heures », je me disais alors : « Uuggghhh » ! ( Rires ) Ce n’était pas un exercice simple pour moi. 

J’imagine que l’un de tes souvenirs les plus forts est ce but incroyable marqué du milieu de terrain avec Manchester contre Wimbledon, en 1996. Ce jour-là, tu as 21 ans, personne ne te connaît, et ce but va totalement changer ta vie…
Oui. Je ne le savais pas sur le moment, mais ce but a été le début de tout : l’attention des gens, la couverture médiatique, la renommée. Quand mon pied a frappé ce ballon, ça a ouvert la porte du reste de ma vie…

Tu as été adulé par tout un pays, mais tu as aussi été l’Anglais le plus détesté, après ton carton rouge reçu en huitième de final du Mondial 1998, contre l’Argentine…
Oui, c’était dur. À tel point que j’ai souffert de dépression, mais je ne le disais pas.

Et pourquoi gardais-tu ça pour toi ?
Dire aux autres que je souffrais de dépression était inconcevable pour moi. J’ai été élevé par un père qui, si je disais : « Papa, je me sens un peu déprimé aujourd’hui », il aurait répondu : « Mon garçon continue ! » Mais j’étais déprimé. Je ne mangeais pas, je ne dormais pas. Je vivais au jour le jour en pensant à ce qui allait suivre. Les Anglais disaient que je devais quitter le pays. C’était dur.

Et tu n’as jamais envisagé de faire une thérapie ?
Non, bien que ce soit une bonne idée. De nos jours, on entend de plus en plus parler de stars du sport qui suivent une thérapie, et on voit à quel point ça les aide. Mais moi, j’ai grandi dans l’East End de Londres. Si j’avais dit à mon père : «J’ai besoin d’une thérapie », il aurait répondu : « Pourquoi ? » Alors j’ai baissé la tête et j’ai travaillé encore plus dur.

Au final, tu t’es réconcilié avec le public. Beaucoup de footballeurs stars retombent dans l’anonymat après leur carrière, mais ce n’est pas ton cas… 
J’ai toujours agi en pensant au long terme, à ma longévité. Je ne me suis jamais dit, en signant un contrat : « Je prends un gros chèque, merci au revoir. » J’ai aussi la chance d’avoir de bonnes personnes autour de moi pour m’aider et me conseiller, à commencer par ma femme Victoria. Elle a toujours été protectrice et j’aime penser qu’elle le sera toujours…

Il y a des choses que tu regrettes ?
Non, jamais rien…

Et qu’aurais-tu à répondre, par exemple, à ceux qui t’ont reproché d’avoir pris des millions pour être ambassadeur de la Coupe du monde au Qatar, pays décrié par certains…
Je fais toujours beaucoup de recherches sur les partenaires avec qui je fais affaire. Et je voulais participer à une autre Coupe du monde. J’aime voir le jeu se développer, et ça signifie que j’aime voir le football pénétrer des territoires où il n’a jamais été auparavant. Ma philosophie a toujours été qu’il ne faut pas exclure les gens, car si vous ne vous engagez pas et ne donnez pas leur chance à certains, alors le monde ne change pas. Pour moi, s’engager dans cette démarche est plus important que de l’ignorer.

Et tu as compris la colère de certains ?
Bien sûr. En signant ce partenariat, je savais qu’il y aurait des questions et des critiques, mais j’ai toujours cru que le football était un outil extrêmement puissant pour faire bouger les lignes. Je savais qu’une fois la Coupe du Monde commencée, tout le monde regarderait la manière dont les gens seraient traités… J’ai passé un mois là-bas, et personne n’est venu me voir en me disant : « Oh mon Dieu, j’ai été traité comme ça, oh mon Dieu, je n’étais pas autorisé à entrer dans cet endroit… » J’étais à proximité. J’ai parlé à des gens sur le terrain, y compris de la communauté LGBTQ+, et j’étais content de ma décision.

Malgré ton talent et ta carrière, tu as parfois douté, que ce soit sur ton football, ton mariage, ton business…
Il y a eu des doutes au fil des années. Mais je suis têtu. J’aime prouver aux gens qu’ils ont tort, sans être trop arrogant pour autant. 

Avec tout l’argent que tu as, tu pourrais te la couler douce… 
Mes parents ont continué à travailler même quand je suis devenu riche. Donc je continuerai de travailler…

Ça peut paraître surprenant, mais tu es un passionné de miel, et tu possèdes même 18 ruches…
Oui. Je suis capable de faire un discours de 45 minutes sur le miel. J’adore ça ! J’adore aussi, le week-end à la campagne, mettre un bon morceau d’agneau sur le barbecue, ou un bon poisson pour Victoria, et simplement m’asseoir…

Vieillir ne te fait pas peur ?
Beaucoup de gens disent que ce n’est pas génial de vieillir. Alors c’est vrai, certains aspects de la vieillesse ne sont pas géniaux, mais ça ne me dérange pas. J’ai toujours mal quand je me lève le matin. Depuis que j’ai arrêté ma carrière, j’ai mal au dos, j’ai mal à la hanche, j’ai mal au talon d’Achille… Mais c’est comme ça. Et si je dois un jour devenir chauve, je m’en fiche !

On n’en est pas encore là…
Je vieillis avec grâce ! ( Rires )

En juillet 2024, tu fêteras tes 25 ans de mariage avec Victoria. Quels sont tes conseils pour un telle longévité ?
Quand j’y repense, ma femme m’a choisi dans un album de foot Panini, et moi, je l’ai choisie en regardant la télé. Le mariage est un travail difficile, il y a toujours eu des concessions mutuelles, d’autant que nous sommes toujours très occupés. Nous avons quatre enfants qui vont toujours dans des directions différentes, mais le plus important, c’est de toujours donner la priorité au temps passé ensemble. C’est ce que nous avons toujours fait, et cela semble fonctionner !

Tu te vois où dans 30 ans ?
Oh mon Dieu, je ne sais pas ! J’espère que nous aurons des petits-enfants à ce moment-là. Peut-être qu’ils pourront me raconter l’histoire de « Beckham le grand-père. » ( Rires )

Tu veux être grand-père ?
J’aime cette idée. J’ai dit à Victoria : «Tu sais, à un moment donné, tu vas être grand-mère.» Elle m’a répondu : « Ne me parle pas de ça ! » Et là, dans ma tête, je me disais : «Nous vieillissons maintenant…»