Cent personnalités s’engagent pour une législation intégrale contre les violences sexuelles

14 mai, 2024 / Entrevue

Sept ans après le lancement du mouvement #MeToo, cent personnalités, majoritairement issues du monde du cinéma, ont signé une pétition publiée ce mardi pour réclamer une législation intégrale contre les violences sexuelles. Cette initiative, portée par La Fondation des femmes, #Metoomédia et l’actrice Anna Mouglalis, est parue dans le journal Le Monde.

Parmi les signataires figurent des figures emblématiques telles qu’Isabelle Adjani, Juliette Binoche, Emmanuelle Béart, et Philippe Torreton, ainsi que des autrices comme Leila Slimani et Vanessa Springora. Leur appel résonne avec force : « Nous sommes 100, mais en réalité, nous sommes des centaines de milliers ».

La Réalité des Violences Sexistes et Sexuelles

Les signataires mettent en lumière une réalité troublante que les prises de parole #MeToo ont dévoilée : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques, loin d’être des cas isolés. Ils dénoncent l’impunité croissante malgré le courage des victimes. « Qui nous écoute vraiment ? », s’interrogent-ils, soulignant que les actions concrètes tardent à suivre les annonces publiques.

Une Législation Ambitieuse Réclamée

Le texte appelle à une réforme législative profonde. Les signataires demandent notamment :

  • Une définition claire du viol et du consentement.
  • L’introduction légale du terme inceste.
  • La possibilité de juger les violeurs en série pour tous les viols connus.
  • L’élargissement des ordonnances de protection aux victimes de viols.
  • Une meilleure collecte des preuves.
  • La création de brigades spécialisées.
  • L’interdiction des enquêtes sur le passé sexuel des victimes.

Ils insistent également sur la nécessité d’un accès immédiat et gratuit à des soins en psycho-traumatologie et sur l’octroi de moyens financiers suffisants pour soutenir ces mesures.

Des Statistiques Alarmantes

Les signataires jugent inacceptable que 94 % des plaintes pour violences sexuelles aient été classées sans suite en 2022. Ils critiquent l’ajout insuffisant du mot « consentement » dans la loi, pointant un retard abyssal de la France en matière de traitement judiciaire des violences sexuelles. Emmanuel Macron avait pourtant pris cet engagement en mars.

Un Appel à l’Action

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a exprimé sur France Inter la nécessité d’une réponse politique à la hauteur du courage des victimes. Elle a souligné que tant que la prise en compte judiciaire et policière des violences sexuelles en France ne sera pas améliorée, le mouvement #MeToo ne pourra pas véritablement aboutir.

La publication de cette pétition coïncide avec l’ouverture du 77e Festival de Cannes, rappelant que les révélations de violences sexuelles ne cessent d’émerger, notamment dans le milieu du cinéma. Les témoignages de Judith Godrèche et Isild Le Besco sont des exemples poignants de cette réalité.

Par cet appel, ces cent personnalités espèrent susciter une prise de conscience collective et obtenir des actions concrètes pour mettre fin à l’impunité des violences sexuelles en France.