CANNES 2024 – Retrouvez notre interview culte de Sting : « À mon âge, ma vie est désormais derrière moi. Alors je suis très philosophe à ce sujet. »

23 mai, 2024 / Jerome Goulon

À 72 ans, le légendaire chanteur Sting a monté les marches du Festival de Cannes en compagnie de sa femme, Trudie Styler, à l’occasion de la projection du film Parthenope, du réalisateur italien Paolo Sorrentino. L’occasion de (re)découvrir une interview culte que la star nous avait accordée à l’occasion de la sortie de son album 57th and 9th, et dans laquelle il revenait sur son parcours…

Entrevue : Bonjour Sting. C’est en surprenant le public que tu es devenu une icône ?
Sting :
Ne m’appelle pas « icône », je ne veux pas être une icône ! Au cours des dix dernières années, j’ai suivi mon instinct. Mon nouvel album est plus direct. Il est supposé être une surprise. J’adore les surprises ! Lorsque j’écoute de la musique, lorsque je compose, je veux être surpris. Quand je choisis de la musique et que je présente un nouvel album, je veux donc surprendre.

Un morceau s’intitule Fifty Thousand. Il parle des disparitions de David Bowie, Prince, Alan Rickman, Lemmy de Motörhead…
Je pense que chacun de nous est très profondément affecté lorsque nous perdons des icônes culturelles, parce qu’il y a un enfant en nous qui pense qu’elles sont immortelles. Mais elles ne le sont pas. C’est pourquoi j’ai écrit une chanson à propos de ma réaction sur cela. Elle permet de développer la philosophie dans le visage de la mort. Ce n’est donc pas une chanson morbide.

As-tu modifié ta façon de vivre depuis ces disparitions ?
Non, pas du tout. À mon âge, ma vie est désormais derrière moi. Alors je suis très philosophe à ce sujet.

Quel est le secret de ta longévité ?
J’adore ma vie ! Je suis vraiment béni car j’ai une famille formidable qui me permet de rester jeune !

Ta famille t’inspire ?
Oui, bien sûr ! Surtout mes enfants !

Sur un album, tu as enregistré avec des réfugiés…
L’album comporte une chanson intitulée « Inchallah ». J’ai rencontré des musiciens syriens qui vivent à Berlin et je leur ai demandé de jouer cette chanson avec moi. Entendre leur histoire était très intéressant.

As-tu visité la « jungle » de Calais ?
Non, mais j’aurais vraiment aimé m’y rendre afin de réaliser à quoi cela pouvait ressembler…

Andy Summers (ex-guitariste de Police) a déclaré qu’il aimerait reformer le groupe Police pour jouer au festival de Glastonbury. Qu’en penses-tu ?
De mon côté, même en cherchant bien, je ne vois pas ce qui pourrait me convaincre de reformer Police. Vraiment pas…

Que penses-tu de l’élection présidentielle américaine ?
Si seulement ils pouvaient parler des problèmes qui nous concernent tous plutôt que de toutes les absurdités qu’ils évoquent. Les débats télévisés sont hideux. La planète doit faire face à des problèmes réels et eux ne parlent que de conneries…

As-tu des conseils à donner aux artistes émergents ?
Non, je n’ai aucun conseil à leur donner. Pour te dire la vérité, je ne me sens pas qualifié pour en donner.

As-tu envie d’apparaître plus souvent au cinéma, comme l’a fait ta femme, Trudie More ?
Sincèrement, pas du tout. J’ai déjà fait tellement de films… Et je suis trop occupé en tant que musicien. La musique est un océan sans fin. Je pourrais y nager éternellement car il me semble sans fond et sans rivages. Et j’adore ça !