Alexis Laipsker publie son deuxième polar !

02 juin, 2021 / Jerome Goulon

« Deux enfants disparaissent chaque jour. Beaucoup sont retrouvés, mais ce chiffre donne quand même le vertige. »

Bien connu dans le poker, dont il est l’une des références en France, Alexis Laipsker possède une nouvelle corde à son arc : l’écriture. Après la publication de son premier polar l’année dernière, il revient en force avec Le Mangeur d’âmes, édité chez Michel Lafon. Encore plus addictif qu’une série Netflix, le nouveau thriller d’Alexis Laipsker vous plonge dans un univers sombre et mystérieux. À découvrir de toute urgence !

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Jérôme Goulon : Tu sors ton deuxième polar. Parle-nous de ce livre…
Alexis Laipsker :
  C’est un thriller assez angoissant et énigmatique, avec une fin à couper le souffle. Il y a un officier de gendarmerie qui enquête sur l’enlèvement de trois enfants, et on comprend très vite qu’il se fait un point d’honneur à retrouver les gamins coûte que coûte, quitte à s’affranchir du règlement. Il en a fait la promesse aux parents et ses méthodes ne sont pas très académiques. Le souci, c’est qu’il n’a pas de piste. Le seul indice dont il dispose le conduit dans un chalet de montagne, où un double meurtre a été commis quelques heures avant. Et au tout début du livre, il rencontre l’enquêtrice qui est en charge de résoudre cette affaire. 

Celle du double meurtre ?
Oui. Un couple s’est entretué dans le chalet avec beaucoup de sauvagerie. L’enquêtrice est persuadée que quelqu’un est intervenu, mais en apparence, personne n’est intervenu. Les portes et fenêtres sont fermées de l’intérieur et il n’y a pas de traces. Donc c’est le point de départ de cette double enquête : où sont passés les enfants et que s’est-il passé dans cette maison ? Et puis, autre mystère, il y  a des oiseaux qui tombent du ciel…

Ce polar est beaucoup plus sombre que ton premier…
Oui, Je voulais proposer quelque chose d’autre aux lecteurs. Il y a beaucoup d’éléments très inquiétants dans cette enquête et le contexte devait correspondante. Donc ça se passe dans une ville de haute montagne frappée par la crise et oubliée du monde. On est en pleine tempête, il fait presque tout le temps nuit, c’est en hiver. Et cette oppression rajoute une ambiance assez malsaine à cette enquête.

On a l’impression de retrouver dans certaines scènes une ambiance à la Shining. C’est volontaire ?
Oui et non. C’est vrai qu’il y a des points communs : les enquêteurs se retrouvent seuls dans un hôtel et il neige, mais je n’ai pas cherché à faire du Shining. Par contre, j’ai fait un vrai clin d’œil à Shining dans un passage, puisqu’un barman s’appelle Lloyd, comme celui que l’on voit dans une scène mythique, au bar de l’hôtel…

Dans ton premier polar, il y avait pas mal de références au poker. Là, le poker disparaît de la trame…
Oui. Sous prétexte que je suis actif et connu dans le milieu du poker, je ne veux pas en être l’esclave. Ma priorité, c’est que mes lecteurs prennent du plaisir à me lire. Donc je ne vais pas leur imposer ma passion pendant tout le bouquin. J’ai fait un ou deux clins d’œil, mais mon histoire est suffisamment forte pour ne pas avoir besoin d’en rajouter.

Ton premier polar avait reçu de très bonnes critiques. Mais tu m’as confié aimer encore davantage le nouveau…
Oui, assez nettement. Après, c’est subjectif. Je trouve que mon deuxième polar a plus de maturité. Je me suis affranchi du poker et de tous les lieux que je connais. C’est un signe d’indépendance et de maturité. Aucun des personnages ne ressemble à quelqu’un que je connais. 

À la fin de ton livre, tu donnes un chiffre assez éloquent, puisque tu dis que chaque année, 700 enfants disparaissent en France… 
Deux enfants disparaissent chaque jour. Beaucoup sont retrouvés, mais ce chiffre donne quand même le vertige… Et ce sont les chiffres officiels…  Après la claque de la fin de l’histoire, je rajoute cette page-là pour ramener les lecteurs à la réalité. Les disparitions d’enfants, ce n’est pas de la science-fiction. 

Et toi qui a deux enfants, c’est quelque chose que tu redoutes ?
Bien sûr. Mon fils de 13 ans, je lui ai donné des recommandations. Je l’ai mis au karaté. Je voulais qu’il sache se défendre. Je lui ai appris une prise pour qu’il sache quoi faire si on lui prenait les mains. J’ai entendu des histoires d’enlèvements d’enfants, tu crois rêver : il y a des ravisseurs qui vont dans un parc et qui embarquent un gamin sous le bras ! 

Sans spoiler, tu abordes aussi l’inceste. C’est un fléau qu’on dénonce enfin dans les grands médias…
Mon but n’est pas de dénoncer, mais de divertir. Je ne fais pas partie de ces auteurs qui passent un message. Néanmoins, sur le plan personnel, je suis littéralement tombé de ma chaise quand j’ai eu connaissance des statistiques à ce sujet. C’est épouvantable, et je pèse mes mots ! Je ne sais pas dans quel monde on vit pour avoir des statistiques aussi étonnantes. Je suis effaré ! 

C’est vrai que tu n’as mis que 30 jours à écrire ton livre ?
Oui, c’est ça. J’écris très vite. Ce qui me prend le plus de temps, c’est de trouver les histoires, et de trouver une histoire suffisamment forte pour tenir le lecteur en haleine sur 350 pages. Je fais en sorte que l’on ne s’ennuie jamais. Mon obsession est de captiver le lecteur à chaque paragraphe.

Tu es fier d’avoir la confiance de Michel Lafon ?
Oui, c’est un plaisir et un honneur. C’est très gratifiant qu’ils me renouvellent leur confiance. Je suis attaché à l’équipe. Ce sont des gens passionnés. Ils m’ont tous fait un retour sur mon bouquin, et le fait qu’ils aient pris du plaisir à me lire, c’est très gratifiant.

Tout écrivain redoute les critiques à la sortie d’un nouveau livre. Les critiques, ça t’angoisse ?
Oui, vraiment ! Là, je suis convaincu des qualités de mon bouquin. Donc si des gens me disent que c’est « pas mal », ça ne va pas me suffire. C’est peut-être prétentieux, mais ça va au-delà de l’argent ou du nombre de ventes. Pour moi, les retours et les critiques sont très importants.

C’est quoi le plus beau compliment qu’on puisse te faire ?
Sur Facebook, une lectrice m’a dit qu’elle était bouleversée par l’histoire et les personnages. Le mot « bouleversé » m’a bouleversé ! Et pour le premier, une dame avait dit : « De marque-page, vous n’aurez pas besoin ! » Et là, je me suis dit : « Waouh ! »

Une adaptation télé est-elle prévue ?
On est en négociations très avancées pour une adaptation télé de mon premier polar, Et avec votre esprit. J’ai un producteur, réalisateur et acteur connu qui est prévu pour le premier rôle. Ils ont mis une option sur les droits audiovisuels. On est en discussions pour savoir où ça serait diffusé. Il reste du chemin, mais c’est en bonne voie. J’ai une touche également pour Le mangeur d’âmes 

La sortie de ton premier polar est survenue juste avant le premier confinement, il y a un an. C’est un soulagement pour toi que les librairies soient maintenant considérées comme des commerces essentiels ?
Je vais te faire une confidence : depuis un ou deux mois, je suis un spécialiste de l’évolution du Covid. Je sais tout tellement j’ai été angoissé par le retour d’un confinement. 

Selon toi, les livres sont essentiels ?
Il faut se placer sur le plan sanitaire. Un livre, c’est important, mais pas au prix de vies perdues. Les enquêtes montrent que ce n’est pas dans les commerces qu’il y a beaucoup de contaminations. Tu portes un masque, tu te laves les mains, donc même si tu manipules les bouquins, la probabilité d’être contaminé reste faible. Ensuite, oui, je pense que les livres sont essentiels, surtout que les gens sont claquemurés chez eux. Donc qu’on leur mette des produits culturels en accessibilité, c’est plutôt pertinent. 

Et toi, comment tu vis cette période ?
J’ai très bien vécu le premier confinement, car c’était une période de transition professionnelle pour moi. Il a fait beau, j’étais avec mes enfants, j’ai pu souffler et faire le point sur ma vie. La période intermédiaire était étrange car on ne savait pas trop ce qui nous attendait. Mais là, ça devient vraiment pénible…

Tu envisages un troisième thriller ?
Oui. J’ai un troisième manuscrit qui est très avancé, et donc la publication dépendra des résultats du deuxième polar. J’en suis assez fier. J’ai envie de rester dans le thriller, car ça me plaît ! J’aime manipuler les lecteurs.

Tu restes une référence dans le milieu du poker.  Tu en es ou à ce niveau-là ?
Je suis en attente. J’ai eu des propositions avant la crise sanitaire : quatre propositions en France et une à l’étranger. Maintenant, tout est à l’arrêt… Mais j’ai la chance d’être à l’abri financièrement, donc je ne suis vraiment pas à plaindre. 

Et du coup, tu joues beaucoup en ligne avec le couvre-feu ?
Je joue en ligne pratiquement tous les soirs. L’avantage, c’est que ça a drainé pas mal de gens, car ils s’ennuient. 

Pour finir cette interview, qu’as-tu envie de dire aux gens pour qu’ils aient envie de lire ton livre ?
J’écris des livres qui conviennent aussi aux gens qui n’aiment pas lire ! Je pense toujours aux gens qui n’aiment pas lire. C’est la raison pour laquelle tout est très rythmé et cadencé. Je pense aux gens qui s’ennuient vite et qui n’ont pas envie de se taper 40 pages d’états d’âme ou 30 pages de description de paysages. Là, on a juste ce qu’il faut pour mettre l’ambiance, et ensuite, c’est tout de suite l’intrigue, l’action et les retournements de situation ! 

Interview réalisée par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)

Le Mangeur d’Âmes, d’Alexis Laipsker