Valérie Létard : Le joker des macronistes pour la présidence de l’Assemblée

16 juillet, 2024 / Entrevue

Depuis quelques jours, le nom de Valérie Létard circule avec insistance dans les discussions de couloir au Palais Bourbon. Selon nos informations, Emmanuel Macron lui-même envisage cette possibilité comme un recours. Son nom a été évoqué lors d’un déjeuner des cadres du camp présidentiel autour du chef de l’État, lundi. Valérie Létard, tout fraîchement élue députée du Nord sous les couleurs centristes de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), serait le « plan B » des macronistes à l’Assemblée nationale en cas d’échec de Yaël Braun-Pivet dans sa reconquête du Perchoir, jeudi.

Un stratège du camp présidentiel estime que « Yaël n’a plus aucune chance, Emmanuel Macron le sait ». En coulisses, la candidature de « dernière minute » de Valérie Létard serait donc préparée pour éviter qu’un député du Nouveau Front populaire, comme Cyrielle Chatelain (EELV) ou André Chassaigne (PCF), ne soit élu président de l’Assemblée nationale.

Candidature « de dernière minute »

La stratégie serait la suivante : laisser Yaël Braun-Pivet, candidate légitime du camp macroniste, tenter sa chance jeudi au premier et au deuxième tour du scrutin pour la présidence, où seule une majorité absolue lui permettrait de l’emporter. Puis, acter sa défaite et propulser Valérie Létard, au troisième tour, où une majorité relative suffit. « Ce serait une candidature de dernière minute sortie de derrière les fagots qui pourrait rafler la mise », indique un ami de Valérie Létard. Il confirme également que « l’idée vient d’Emmanuel Macron en personne ». Un participant au déjeuner à l’Élysée lundi précise : « Si Yaël Braun-Pivet performe, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas à nouveau elle. Mais si son score est faible au deuxième tour, il faut une autre idée pour le troisième tour. »

Peu connue du grand public, Valérie Létard, 61 ans, est pourtant une personnalité politique expérimentée. Proche de Jean-Louis Borloo, dont elle a pris le relais dans son fief de Valenciennes (Nord), elle a été secrétaire d’État sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et vice-présidente du Sénat de 2017 à 2023. Elle est donc habituée à gérer les débats dans un Hémicycle parfois turbulent.

« Je suis loin de toutes ces considérations »

Contactée par Le Figaro ce mardi, Valérie Létard ne confirme ni ne dément cette information. « Les circonstances de la dissolution ont fait qu’il a fallu que je me réimplique dans un mandat parlementaire. Je suis loin de toutes ces considérations pour l’instant puisque je vais faire mon arrivée à l’Assemblée aujourd’hui », répond-elle. Cette membre de l’UDI ne siégera d’ailleurs – a priori – pas parmi les macronistes à l’Assemblée puisqu’elle a déjà manifesté son intérêt pour appartenir au petit groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Son président nouvellement élu, Stéphane Lenormand, commente : « À ce stade, à ce que je sache, Valérie Létard n’est candidate à rien puisque notre prétendant au Perchoir est Charles de Courson. Son nom circule surtout car la macronie essaye de se trouver des issues de secours ».

« Quand son nom a commencé à être cité, elle n’était pas au courant, glisse une source à l’UDI. Il n’était pas vraiment prévu qu’elle se retrouve députée, elle a été candidate car c’était le seul profil capable de battre le RN à Valenciennes. Mais elle est assistante sociale de formation, elle a une image très sociale qui pourrait plaire à une partie des socialistes. » Peut-être Valérie Létard pourrait-elle ratisser plus large que Yaël Braun-Pivet dans le scrutin très incertain de jeudi.