Retour de l’autorité à l’école : les réformes sous la loupe

03 juin, 2024 / Entrevue

Alors que le recours aux internats et l’ouverture des collèges de 8 heures à 18 heures semblent faire consensus parmi les professionnels de l’éducation, certaines mesures évoquées par Gabriel Attal pour restaurer l’autorité à l’école suscitent des débats et pourraient ne pas aboutir.

Le 18 avril, après avoir annoncé une série de mesures pour renforcer l’autorité à l’école, le Premier ministre Gabriel Attal a lancé une grande consultation de huit semaines impliquant le ministère de l’Éducation nationale, les enseignants, les chefs d’établissement et les parents d’élèves. À mi-parcours de cette consultation, certains points de la réforme font déjà l’objet de vives discussions.

Parmi les mesures susceptibles d’être retenues dans le document final, on retrouve l’extension des internats pour les jeunes en difficulté, l’expérimentation des horaires élargis de 8 heures à 18 heures dans les collèges des réseaux d’éducation prioritaire, et l’instauration d’une grille commune de sanctions à l’école élémentaire. Ces propositions semblent remporter un certain consensus.

L’une des mesures les plus controversées est celle visant à introduire une mention disciplinaire dans le dossier Parcoursup des élèves perturbateurs. Cette proposition a été fermement rejetée par les parents d’élèves, représentés par Grégoire Ensel, président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). « L’autorité, ce n’est pas le marteau qui écrase la mouche », a-t-il déclaré, soulignant qu’une telle mention pourrait stigmatiser les élèves de manière disproportionnée.

Les chefs d’établissement partagent ce point de vue. Le SNPDEN (syndicat majoritaire des chefs d’établissement), a qualifié cette mesure de « peine à vie », contraire aux principes éducatifs. Les syndicats d’enseignants, comme l’Unsa-Éducation, ont également exprimé leur désapprobation, rappelant l’échec de mesures similaires par le passé.

Une autre mesure controversée concerne la proposition d’un contrat entre les parents et l’établissement scolaire, prévoyant des sanctions en cas de récidive du comportement perturbateur de l’enfant. Cette idée a été accueillie avec scepticisme. La FCPE a souligné l’existence déjà en place d’un règlement intérieur signé par les familles en début d’année, rendant ce nouveau contrat redondant.

La règle voulant que les élèves se lèvent systématiquement à l’entrée d’un adulte dans la classe a également rencontré une opposition. Les parents d’élèves ont jugé que cette mesure ne renforcerait pas réellement l’autorité.

Lors de la concertation, des divergences au sein même du gouvernement ont été perceptibles. Un participant a rapporté que la ministre Nicole Belloubet semblait en désaccord avec certaines propositions du Premier ministre, attendant que certaines mesures soient démontées lors des discussions.

À ce stade de la consultation, si certaines mesures comme le recours aux internats et l’élargissement des horaires des collèges semblent être bien accueillies, d’autres, comme la mention disciplinaire dans Parcoursup et le contrat parents-école, pourraient être abandonnées. La concertation se poursuit, avec des décisions finales attendues à la fin de la période de consultation.