#MeToo secoue le monde de la musique classique : Le tabou autour des violences sexuelles tombe

12 octobre, 2024 / Alice Leroy

Le mouvement #MeToo, qui a déjà touché de nombreux secteurs, s’attaque désormais à celui de la musique classique, un univers longtemps préservé des scandales publics. De récentes affaires de violences sexistes et sexuelles (VSS) impliquant des figures majeures du milieu révèlent un monde où la hiérarchie, l’admiration pour les chefs d’orchestre et la précarité rendent le silence omniprésent. Les institutions réagissent enfin, avec des mesures qui tentent d’enrayer ces comportements.

Les révélations, relayées par l’AFP, ont notamment mis en lumière des accusations contre le chef d’orchestre François-Xavier Roth, accusé d’envoi de messages à caractère sexuel, et Gaël Darchen, directeur de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, mis en cause par cinq femmes. À cela s’ajoutent les affaires concernant des professeurs influents, comme Jacques Rouvier et Jérôme Pernoo, tous deux accusés de harcèlement moral et sexuel. Ces révélations ont provoqué des réactions et des retraits temporaires de certaines fonctions.

Une enquête menée par les sociologues Marie Buscatto et Ionela Roharik, et la chanteuse lyrique Soline Helbert, dévoile que 75 % des répondants à un questionnaire affirment avoir été victimes ou témoins de comportements inappropriés, allant des blagues déplacées aux agressions sexuelles. Les chefs d’orchestre, souvent perçus comme des « demi-dieux », et l’hypersexualisation des mises en scène, créent un climat propice à ces abus.

Face à cette crise, les institutions se mobilisent. Paola Scotton, coordinatrice à la Réunion des opéras de France, et Claire Roserot de Melin, présidente des Forces musicales, affirment que des actions concrètes ont été prises : cellules de signalement, formations aux VSS, et création de chartes pour encadrer les comportements. Depuis 2021, le ministère de la Culture conditionne ses subventions au respect d’un protocole de prévention, tandis que des organisations comme Audiens offrent un soutien psychologique aux victimes. Cependant, Soline Helbert reste prudente, estimant que si des progrès ont été faits, l’omerta persiste encore dans certains cas.