L’université Harvard ne prendra plus position sur les questions non éducatives

01 juin, 2024 / Entrevue

Harvard se recentre sur sa mission première, l’éducation, en décidant de ne plus afficher de position sur des questions non directement liées à ses fonctions principales. Cette décision, annoncée le 28 mai, intervient après des mobilisations pro-Palestine sans précédent sur le campus et fait suite aux recommandations d’un groupe de travail composé de hauts membres de l’administration et du corps enseignant.

Contexte des Mobilisations et des Déclarations Controversées

Un mois après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël du 7 octobre dernier, 34 associations étudiantes de Harvard avaient signé un communiqué accusant Israël d’imposer un « régime d’apartheid » aux Palestiniens, rejetant sur Israël la responsabilité de la crise. En janvier, la présidente de Harvard, Claudine Gay, avait été forcée de démissionner après des accusations de plagiat et son refus de condamner les discours antisémites croissants au sein de l’université. En avril, des étudiants avaient envahi le campus, appelant à rompre les partenariats avec les entreprises liées à Israël.

Témoignages et Nouvelles Directives

Les co-directeurs du groupe de travail, Alison Simmons et Noah Feldman, ont souligné les plaintes des membres de la communauté universitaire concernant l’obligation ressentie de « parler pour Harvard ». Ils ont également évoqué la confusion engendrée par les déclarations individuelles reprises par les médias, donnant l’impression que tout porteur d’un vêtement aux couleurs de Harvard parle au nom de l’université.

Les nouvelles règles, inspirées de ces témoignages, ont été acceptées par la direction. Dans un rapport publié sur son site internet, Harvard réaffirme sa mission de promouvoir un échange libre et productif d’idées et de points de vue sur diverses questions de science, de société, de valeurs et de culture.

Réactions et Controverses

La décision de Harvard a suscité des réactions mitigées. Eric Reinhart, doctorant et clinicien psychanalyste à Harvard, critique l’institution pour ses investissements dans l’industrie de l’armement et ses contrats avec Israël et l’armée américaine, remettant en question la neutralité proclamée.

En revanche, l’association FIRE (Foundation for Individual Rights and Expression) a exprimé son soutien, rappelant son approbation précédente pour une démarche similaire entreprise par l’Université de Chicago. D’autres universités américaines, comme Columbia, Pennsylvanie et Yale, envisagent également d’adopter cette politique de neutralité.

Harvard rejoint ainsi le mouvement croissant des institutions académiques visant à limiter leurs prises de position sur des questions non directement liées à leurs missions éducatives, favorisant un environnement de débat libre et diversifié.