Luis Vassy, en tête pour la direction de Sciences Po après un premier vote interne
Après plusieurs mois de crise à Sciences Po Paris, le diplomate Luis Vassy se trouve en position de favori pour prendre la tête de l’institution. Vassy, 44 ans, a été désigné jeudi au second tour d’un vote du conseil de l’Institut d’études politiques (IEP), obtenant 20 voix contre 9 pour l’universitaire Rostane Mehdi, directeur de Sciences Po Aix. Arancha Gonzalez, ancienne ministre espagnole et doyenne de l’École des affaires internationales de Sciences Po, a quant à elle été écartée dès le premier tour.
Ce vendredi après-midi, le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), organe de tutelle de l’école, se réunira pour auditionner les candidats et voter à son tour. Si Luis Vassy est une nouvelle fois choisi, son nom sera soumis à l’approbation du président de la République, seul habilité à entériner officiellement la nomination.
Un profil diplomatique pour rénover l’école des élites
Luis Vassy, ancien ambassadeur de France aux Pays-Bas et actuel directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères démissionnaire Stéphane Séjourné, se démarque par sa proximité avec Emmanuel Macron, dont il est un ancien camarade de promotion à l’ENA. Dans son projet, il prône une « triple rénovation » pour Sciences Po, insistant sur la nécessité de moderniser l’image, la gouvernance et les financements de l’école, tout en plaçant l’Europe « au cœur » de son projet éducatif.
Cette désignation intervient après une longue période de turbulences pour Sciences Po, marquée par la démission en mars de l’ancien directeur Mathias Vicherat, mis en cause dans une affaire de violences conjugales. Depuis, l’institution est temporairement dirigée par Jean Bassères, ex-directeur général de Pôle Emploi.
Une école secouée par les polémiques
Les dernières années ont été rythmées par des scandales successifs. Le prédécesseur de Vicherat, Frédéric Mion, avait dû quitter ses fonctions en 2021, après avoir dissimulé les accusations d’inceste contre Olivier Duhamel, alors président de la FNSP. Avant lui, Richard Descoings, directeur emblématique de l’école, était décédé de manière inattendue en 2012.
Les polémiques ont également été alimentées par des mobilisations étudiantes, notamment pro-palestiniennes, provoquant des tensions au sein de l’établissement. En mars, l’occupation d’un amphithéâtre par des étudiants avait entraîné des accusations d’antisémitisme et la visite du Premier ministre Gabriel Attal, lui-même ancien élève de Sciences Po.
Avec la possible nomination de Luis Vassy, l’école semble s’orienter vers un profil proche de celui de Mathias Vicherat, dans une continuité qui pourrait enfin stabiliser la gouvernance de cet établissement historique.