Le gouvernement cherche 60 milliards d’euros pour boucler le budget 2025
Le gouvernement de Michel Barnier s’apprête à présenter son projet de loi de finances pour 2025, un budget marqué par la nécessité de réaliser un effort colossal de 60 milliards d’euros. Ce montant, réparti entre 40 milliards d’économies et 20 milliards de hausses d’impôts, vise à ramener le déficit public à 5 % du PIB l’an prochain, contre 6,1 % attendu pour 2024.
Des économies sans précédent
Selon les documents transmis au Haut Conseil des finances publiques, le gouvernement a revu à la hausse ses prévisions d’économies par rapport aux estimations initiales. Alors qu’il était question de 30 milliards d’euros d’économies en début d’année, l’exécutif prévoit désormais plus de 40 milliards de coupes dans les dépenses publiques.
L’État sera en première ligne avec plus de 20 milliards d’euros d’économies à réaliser, dont 15 milliards déjà prévus dans les lettres plafonds héritées de Gabriel Attal, ancien ministre du Budget. Des coupes supplémentaires de 5 milliards sont prévues, en particulier sur les aides aux entreprises et les dépenses des opérateurs de l’État.
Les administrations de la Sécurité sociale devront également participer à l’effort, avec près de 15 milliards d’économies à réaliser. L’une des mesures phares consistera à décaler la revalorisation des pensions de retraite au 1er juillet 2025, au lieu du 1er janvier. Une décision critiquée par certains députés, notamment au sein du Rassemblement national, qui voient là un « coup de rabot mesquin » sur le pouvoir d’achat des retraités.
Enfin, les collectivités territoriales seront mises à contribution à hauteur de 7 milliards d’euros, rappelant les « contrats de Cahors » mis en place sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
Des hausses d’impôts ciblées
Du côté des recettes, environ 20 milliards d’euros proviendront de hausses d’impôts. Le gouvernement prévoit une taxation exceptionnelle et temporaire des grandes entreprises et des contribuables les plus aisés. En outre, des mesures fiscales à visée écologique, telles que le renforcement du malus sur les véhicules les plus polluants, devraient rapporter 1,5 milliard d’euros.
Michel Barnier a également annoncé que cette hausse de la fiscalité sera temporaire, bien que certains experts craignent qu’elle ne devienne permanente, en raison de la difficulté à trouver des économies pérennes. François Ecalle, ancien magistrat de la Cour des comptes, s’inquiète que « les économies soient bien plus dures à concrétiser que les hausses d’impôts, qui risquent de perdurer. »
Une trajectoire de déficit révisée
Le gouvernement table sur une croissance de 1,1 % en 2025, un chiffre plus prudent que les prévisions de la Banque de France et du FMI. Malgré cet effort budgétaire, la dette publique continuera d’augmenter, passant de 113 % du PIB en 2024 à 115 % en 2025. Le retour sous le seuil des 3 % de déficit, imposé par les règles européennes, n’est attendu qu’à l’horizon 2029, soit deux ans plus tard que prévu initialement.
Le budget 2025 sera donc crucial pour redresser les comptes publics, mais il fait déjà l’objet de critiques sur l’ampleur des économies à réaliser et sur l’effet des hausses d’impôts sur les entreprises et les ménages. Michel Barnier joue gros avec cette loi de finances, qui marquera sans doute une étape clé dans sa politique de redressement budgétaire.