Européennes : La Campagne Vigoureuse de Viktor Orban en Hongrie

01 juin, 2024 / Radouan Kourak

À une semaine des élections européennes, Viktor Orban intensifie sa campagne avec une rhétorique résolue, se positionnant comme le champion de la paix face aux conflits actuels en Europe. Après avoir quitté le Parti populaire européen, son parti Fidesz envisage de rejoindre le groupe des Conservateurs et réformistes européens. Orban prépare ainsi une nouvelle alliance politique, tout en défendant fermement les intérêts nationaux de la Hongrie.

À une semaine des élections européennes, Viktor Orban, Premier ministre hongrois, intensifie sa campagne en utilisant une rhétorique résolue et ferme. Décrites comme « historiques », ces élections sont pour lui l’occasion de se positionner comme le défenseur de la paix face aux conflits actuels en Europe.

Ce samedi, Viktor Orban a réuni des dizaines de milliers de partisans à Budapest pour une « marche de la paix ». Cet événement, régulièrement organisé depuis son retour au pouvoir en 2010, a pris une signification particulière dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine. Orban s’est présenté comme le champion de la paix, critiquant les politiques de l’Union européenne qu’il considère belliqueuses.

« Nous avons la plus grande armée électorale, nous sommes la plus grande force de maintien de la paix d’Europe », a-t-il proclamé devant une foule enthousiaste. Une immense banderole affichait le message « Non à la guerre » sur les rives du Danube, renforçant son message pacifiste.

Viktor Orban, qui maintient des relations étroites avec le Kremlin, a choisi de ne pas envoyer d’armes à l’Ukraine et bloque actuellement l’aide militaire européenne. Il soutient que Kiev ne peut gagner face à Moscou et appelle à un cessez-le-feu immédiat. Révisant l’histoire, il a comparé les pressions actuelles de ses alliés occidentaux à celles subies par la Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Orban a également soulevé la question d’un retour du service militaire obligatoire dans l’UE, évoquant de supposés projets « allemands et européens », bien que Bruxelles n’ait jamais formulé une telle proposition. « C’est inacceptable ! Qui d’autre que nous peut décider de verser le sang des Hongrois ? », s’est-il insurgé.

Les critiques d’Orban ne se limitent pas à l’UE. Il a également exprimé des réserves concernant l’OTAN, affirmant que l’alliance « au lieu de nous protéger, nous entraîne dans une conflagration mondiale ». Il a même suggéré de redéfinir la position de la Hongrie au sein de l’OTAN pour empêcher toute participation à des opérations en dehors du territoire de l’alliance. « Nos avocats travaillent sur le sujet », a-t-il précisé.En Hongrie cette stratégie semble porter ses fruits. Les sondages montrent une adhésion croissante à son message anti-guerre.

Viktor Orban profite de ces rassemblements pour démontrer sa force, répondant ainsi aux récents mouvements de protestation en Hongrie. Malgré les défis, y compris un scandale impliquant une affaire de pédocriminalité et l’émergence d’un nouvel opposant, Peter Magyar, Orban reste confiant. « Dans une semaine, nous recevrons des renforts de chaque pays d’Europe et, à l’automne, avec l’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine, nous serons majoritaires, prêts à former une coalition transatlantique de la paix », a-t-il déclaré.

Quelle stratégie pour le Fidesz

Le parti Fidesz de Viktor Orban a quitté le groupe du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen en 2021, Cette décision fait suite à un vote des eurodéputés sur une réforme des statuts permettant la suspension ou l’exclusion de délégations entières. Orban a dénoncé cette réforme comme « antidémocratique, injuste et inacceptable ». Ce départ pourrait réduire l’influence d’Orban à Bruxelles, mais il ouvre également la porte à de nouvelles alliances.

Aujourd’hui siégeant parmi les non-inscrits, le Fidesz pourrait rejoindre le groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), qui comprend des partis tels que Reconquête d’Eric Zemmour et Fratelli d’Italia de Georgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien. Cette possible nouvelle alliance pourrait renforcer la position de Viktor Orban au Parlement européen et lui offrir une plateforme pour continuer à promouvoir ses idées.

Alors que la Hongrie se prépare à prendre la présidence de l’Union européenne le 1er juillet, Viktor Orban a exposé ses priorités. Il met en avant la question migratoire, la nécessité d’une discussion raisonnable sur l’implication dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie, la révision de la transition verte pour préserver la compétitivité européenne, le développement des capacités de défense de l’Europe, et l’échange de bonnes pratiques pour faire face à la crise démographique.