Européennes 2024 : L’affaire des contrats Pfizer pèse sur la candidature d’Ursula Von Der Leyen

01 juin, 2024 / Entrevue

Depuis plusieurs semaines, Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, fait face à des accusations complexes et à des rumeurs de conflit d’intérêts liées à son époux, Heiko von der Leyen, et aux contrats de vaccins Covid-19 avec Pfizer. Alors que les élections européennes approchent, ces allégations risquent de peser lourdement sur sa candidature à sa propre succession.

Heiko von der Leyen, mari de la présidente, est directeur médical chez Orgenesis, une société de biotechnologie spécialisée dans les thérapies cellulaires et géniques. Des posts sur Facebook ont faussement affirmé qu’Orgenesis serait une filiale de Pfizer. Cette intox a été démentie : Orgenesis n’a aucun lien capitalistique avec Pfizer, comme vérifié sur le site du Nasdaq.

En avril 2021, le New York Times révélait que Ursula Von Der Leyen aurait directement négocié par SMS avec Albert Bourla, PDG de Pfizer, un contrat pour l’achat de 1,8 milliard de doses de vaccin contre la Covid-19. Ces SMS, jamais divulgués malgré de nombreuses demandes, ont alimenté des suspicions de négociations en dehors du cadre légal.

Frédéric Baldan, un lobbyiste belge, a déposé une plainte contre Ursula von der Leyen en avril 2023 pour « usurpation de fonctions », « destruction de documents publics », « prise illégale d’intérêts » et « corruption ». La plainte met en cause la négociation du contrat de vaccins, pointant un impact négatif sur les finances publiques belges et une atteinte à la transparence des institutions européennes.

Le 17 mai, une audience s’est tenue pour déterminer la compétence entre le juge d’instruction belge et le Parquet européen (EPPO) dans cette affaire. Le Parquet européen a affirmé sa compétence en octobre 2022, mais cette juridiction est contestée par le juge belge. La Chambre du Conseil a reporté l’affaire au 6 décembre pour permettre un débat plus approfondi sur ces questions de compétence et d’immunité de Mme von der Leyen.

L’opacité des contrats de vaccins, non divulgués pour des raisons de secret commercial, a été dénoncée par de nombreux acteurs, y compris des associations et des pays comme la Hongrie et la Pologne. De plus, Frédéric Baldan a vu son accréditation de lobbyiste retirée après une conférence de presse sur le sujet, une action qu’il considère comme une entrave à son rôle de lanceur d’alerte.

Cette affaire pourrait avoir des répercussions sur la candidature de Von Der Leyen à sa réélection à la tête de la Commission européenne. L’audience de décembre sera cruciale pour déterminer la suite des événements et pourrait jeter une ombre sur son avenir politique, alors que l’EPPO et les autorités belges continuent de débattre sur la légalité et la transparence des contrats de vaccins.