Éric Ciotti dénonce un « budget socialiste » et menace Michel Barnier d’une motion de censure

13 octobre, 2024 / Entrevue

Éric Ciotti ne cache pas son indignation face au budget 2025 proposé par le gouvernement de Michel Barnier. Le président de l’Union de la Droite Républicaine (UDR) fustige un « budget socialiste » qui, selon lui, repose sur une augmentation massive des impôts tout en se dispensant des réformes structurelles nécessaires à la réduction des dépenses publiques. Dans une interview au Journal du Dimanche (JDD), il va plus loin en exigeant la création d’une commission d’enquête sur ce qu’il considère comme une « dérive des finances publiques ».

« Un choc fiscal violent »

Pour Éric Ciotti, ce projet de budget constitue un véritable « choc fiscal ». Il critique la hausse des prélèvements obligatoires prévue, qui augmenterait d’un point, et alerte sur les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir sur la croissance et l’emploi. « C’est un budget qui s’en prend aux créateurs de richesse sans aucune réduction des dépenses publiques, lesquelles continueront de croître de 2,1 %. Aucune réforme structurelle n’est prévue », déplore-t-il.

Selon le président de l’UDR, le Haut Conseil des finances publiques aurait révélé la supercherie : « On nous avait promis deux fois plus d’économies que de hausses d’impôts, mais en réalité, c’est l’inverse qui se produira : deux fois plus de hausses d’impôts que de réduction des dépenses », affirme-t-il.

Éric Ciotti critique également la gestion de Michel Barnier, expliquant que des alternatives existaient, mais que le Premier ministre a choisi une mauvaise direction en s’alliant avec la macronie. « Il fallait une alliance des droites pour permettre une rupture claire avec le macronisme et le hollandisme. Mais Michel Barnier, prisonnier de cet attelage contre-nature, n’aura pas la capacité de porter des réformes courageuses », affirme Ciotti, qui avait pourtant prôné une stratégie différente.

Une commission d’enquête réclamée

Le chef de l’UDR ne se contente pas de dénoncer ce qu’il appelle un « budget insincère », mais il demande la création d’une commission d’enquête pour investiguer sur les pratiques budgétaires du gouvernement. Selon lui, des manipulations auraient eu lieu au sommet de l’État, et Michel Barnier, entouré de proches d’Emmanuel Macron, ne serait pas en mesure de faire toute la lumière sur ces anomalies.

« Nous avons besoin de pompiers, pas de pyromanes. Or, le directeur de cabinet de Michel Barnier était celui de Bruno Le Maire. C’est pourquoi, dès mardi, le groupe UDR demandera la mise en place d’une commission d’enquête pour faire toute la transparence sur ces dissimulations budgétaires », ajoute Éric Ciotti.

Vers une motion de censure ?

Avec un groupe parlementaire de 16 députés, Éric Ciotti pourrait jouer un rôle décisif lors du vote du budget. Si le gouvernement ne tient pas compte des propositions de l’UDR, Éric Ciotti menace de bloquer le texte et n’exclut pas de voter une motion de censure contre Michel Barnier. « Si le gouvernement persiste avec ce budget qui va fragiliser encore davantage notre pays, nous le sanctionnerons », annonce-t-il.

L’UDR entend proposer plusieurs amendements pour réduire les dépenses publiques de manière drastique tout en allégeant les prélèvements fiscaux. Parmi les mesures envisagées : la suppression des agences publiques coûteuses, comme le CESE et l’Arcom, la privatisation de participations de l’État dans des entreprises comme Orange, Engie et Renault, ainsi que la réduction des aides sociales pour les étrangers. « Il faut réduire le périmètre de l’État, c’est impératif », martèle Éric Ciotti.

Si le gouvernement venait à imposer ce budget via l’article 49.3, Ciotti n’exclut pas le recours à une motion de censure : « C’est une possibilité », conclut-il.